Cette première étude séro-épidémiologique en France a été réalisée du 30 mars au 3 avril 2020, auprès de 661 personnes qui avaient un lien avec un lycée de Crépy-en-Valois dans l’Oise, région fortement touchée par le Covid en mars. Elle a été menée par les chercheurs de l’Institut Pasteur avec le soutien de l'Agence régionale de la santé des Hauts-de-France et de l'Académie d'Amiens, et avec l’appui de l’Etablissement Français du Sang. Les chercheurs ont utilisé trois tests sérologiques mis au point par l’Institut Pasteur, avec différents niveaux de sensibilité et une spécificité élevée (> 99%), de sorte qu'un signal positif avec un seul test puisse être considéré comme un vrai positif. L’âge médian des participants était de 37 ans. Les résultats ont mis en évidence que, globalement, 25,9% des personnes testées possédaient des anticorps contre Sars-CoV-2. Dans le détail, parmi les personnes ayant fréquenté le lycée de Crépy-en-Valois (lycéens, enseignants, personnel non enseignant du lycée), le taux d’attaque montait à 41%. Parmi les proches des lycéens (parents et fratrie), il était de 11%. Les chercheurs ont aussi pu estimer le risque de contamination au sein d’un même foyer. Ainsi au domicile, lorsqu’un lycéen était infecté, le risque passait de 9% à 17% pour les parents, et de 3% à 21% pour la fratrie. « Les 9% de parents infectés quand le lycéen ne l’était pas donnent une estimation de la circulation du virus en population adulte à Crépy-en-Valois », soulignent les auteurs de l’étude. Ils ajoutent :« les vacances scolaires le 14 février, et le confinement de Crépy-en-Valois, le 1er mars, ont entrainé une forte baisse de la circulation du virus ».
Confirmation du lien avec l’âge, et le tabac Concernant l’évolution clinique, 5,3% des personnes infectées ont été hospitalisées, mais aucun décès n’a été déploré dans la population du lycée. Au moins 17% des personnes infectées auraient été asymptomatiques. Mais ce chiffre est probablement sous-estimé, précisent les chercheurs « car certains symptômes des sujets infectés ont pu être dus à d’autres virus respiratoires qui circulaient à l’époque de l’étude ». L’anosmie et l’agueusie, apparaissent aussi dans cette étude comme des symptômes majeurs, étant présents respectivement chez 84,7% et 88,1% des personnes infectées. L’étude confirme l’importance de l’âge. Les personnes hospitalisées étaient plus âgées : 49 ans en moyenne, contre 18 ans chez les non hospitalisés. En revanche, aucune différence de sexe n’a été observée concernant le taux de pénétration du virus. Les auteurs confirment aussi le taux d’infection plus faible chez les fumeurs, avec seulement 7,2% de fumeurs de la cohorte infectés, contre 28% des non-fumeurs. « Dans l'ensemble, les résultats de cette étude ont des implications importantes pour les mesures de santé publique et le suivi de l’épidémie. Les taux d’attaque observés parmi les participants de l’étude suggèrent que l'immunité collective ne s'établira pas rapidement. De plus, d'autres régions de France, où le virus n'a pas encore circulé, sont quasiment naïves par rapport à ce virus, » conclut Arnaud Fontanet, premier auteur de l’étude et responsable de l’unité épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur.
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