Asco 2019 : une avancée dans le cancer du sein hormonodépendant

04/06/2019 Par Marielle Ammouche
Cancérologie
Comme chaque année, se tient actuellement à Chicago (31 mai-4 juin) la plus importante réunion internationale en oncologie, le congrès de l’American Society of Clinical Oncology (Asco). Parmi les nouvelles informations marquantes révélées à cette occasion, figure l’étude Monaleesa-7 qui montre l’efficacité d’un nouvel inhibiteur de protéine kinase, le ribociclib, dans le traitement du cancer du sein hormonodépendant avancé.

  Cet essai est le premier à porter exclusivement sur les femmes non ménopausées de moins de 59 ans atteintes d'un cancer du sein avancé qui n'ont pas encore été traitées par hormonothérapie. Ce qui est d’autant plus important que les cancers hormonodépendants représentent les deux tiers des cas chez la femme en préménopause. "Il s'agit de la première étude à montrer une amélioration de la survie avec une thérapie ciblée, quelle qu’elle soit, utilisée en association à un traitement hormonal, en première ligne de traitement d’un cancer du sein avancé", a déclaré la principale auteure de l'étude, Sara A. Hurvitz, MD, directrice du programme de recherche clinique sur le cancer du sein à l’Université de Californie, Jonsson Comprehensive Cancer Center de Los Angeles. Le cancer du sein avancé est moins fréquent chez les femmes en préménopause que chez les plus âgées ; cependant son incidence est en augmentation. Et il peut être particulièrement agressif. Un nouveau traitement efficace constitue donc un pas important chez ces femmes jeunes. Le ribociclib est une substance de la classe des inhibiteurs des kinases cycline-dépendantes 4 et 6 (CDK 4/6), qui jouent un rôle majeur dans les voies de signalisation du cycle cellulaire et de la prolifération tumorale. Au total, 672 femmes présentant une tumeur positive aux recepteurs hormonaux, et HER-2 négatives, ont été incluses dans l’étude Monaleesa. Elles ont été réparties en double aveugle pour recevoir soit le ribociclib, administré en per os soit un placebo, en plus d’un traitement hormonal standard (comportant goséréline plus un inhibiteur de l'aromatase -létrozole ou anastrazole- ou plus le tamoxifène). Le suivi médian a été de 34,6 mois. Au cours de l’étude, 192 décès sont survenus : 83 dans le groupe ribociclib, et 109 dans le groupe placebo. De précédentes données avaient déjà mis en évidence une augmentation significative de la survie sans progression chez les femmes qui ont reçu le ribociclib : 23,8 mois, contre 13 mois pour les femmes sous placebo (HR 0,55 ; p < 0,0001). Les chercheurs ont de plus observé qu'après 42 mois de suivi le taux de survie était chez les patients recevant le ribociclib était de 70%, contre 46% avec un placebo. Globalement, cela représentait une réduction relative de 29% du risque de décès. En outre, le taux de survie était respectivement de 71% et 70% pour les femmes prenant du ribociclib en association avec du tamoxifène ou un inhibiteur non stéroïdien de l'aromatase, alors que ces taux n’étaient que de 55% et 43%, respectivement, chez les femmes recevant un placebo avec le tamoxifène ou les inhibiteurs de l’aromatase seuls. Les chercheurs effectuent actuellement des analyses complémentaires pour tenter de déterminer plus précisément, à l’aide notamment de biomarqueurs, quelles patientes pourraient tirer le meilleur profit du ribociclib. Ils étudient également l'utilisation du ribociclib chez les femmes et les hommes atteints d'un cancer du sein au stade précoce positif pour HR, HER2 négatif, en association avec un traitement endocrinien et d'autres indications du cancer. Monaleesa a été réalisée avec un financement de Novartis.

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