Les données épidémiologiques ne sont guère rassurantes concernant le cancer pancréas, "dont le nombre de nouveaux cas annuels est passé de 6 000 en France en 2006 à 14 000 actuellement", a rappelé le Pr Vinciane Rebours (Hôpital Beaujon, Clichy-la-Garenne, 92). Compte tenu de la relative pauvreté des résultats thérapeutiques, le cancer pancréatique pourrait donc devenir rapidement une importante cause de mortalité. "Parmi les hypothèses évoquées pour expliquer cette flambée de cancers pancréatiques depuis 20 ans, figurent les modifications du mode de vie observées depuis le début des années 1980, car l’accroissement de ces tumeurs se voit surtout dans les pays occidentaux." L’utilisation plus fréquente d’aliments industriels pourrait aussi, en stimulant l’activité des îlots de Langerhans, favoriser une inflammation du tissu exocrine pancréatique environnant, puis l’apparition de cancers. Enfin, la pollution pourrait entrer en jeu, notamment celle liée à l’utilisation de pesticides, "car on observe des clusters de cancers pancréatiques, dans certaines régions agricoles, en particulier vinicoles, où ces produits sont employés", a expliqué le Pr Rebours. Cependant, des facteurs de risque plus classiques comme le tabac, l’obésité, le diabète ou plus, rarement, des paramètres génétiques, sont également impliqués.
Les progrès thérapeutiques sont limités car une minorité de tumeurs est résécable, 50 % de ces cancers étant diagnostiqués à un stade métastatique, et 30 % à un stade avancé avec envahissement vasculaire. De plus, malheureusement, certaines nouvelles voies thérapeutiques source d’espoir dans d’autres tumeurs, comme l’immunothérapie, ont échoué à démontrer un quelconque effet dans le cancer pancréatique. "Ce qui pourrait être lié au fait que son développement s’accompagne de peu de mutations", a indiqué le Pr Rebours. Survie doublée avec le protocole Folfirinox Une avancée récente a toutefois été représentée par l’utilisation du protocole de chimiothérapie Folfirinox modifié (oxaliplatine, acide folinique, irinotécan, 5-fluorouracile) à la place de la gemcitabine, qui représentait auparavant le traitement de référence en situation adjuvante. L’étude de phase 3 franco-canadienne Prodige 24, entreprise chez 493 patients, opérés d’un adénocarcinome pancréatique localisé, a mis en évidence une survie sans progression doublée avec 12 cycles de chimothérapie mFOLFORINOX en comparaison de 6 cycles de gemcitabine (21,6 mois contre 12,8 mois, p < 0,0001) et une survie globale médiane nettement améliorée à 3 ans (63 % contre 49 %). Les effets secondaires de grade 3 et 4 (neutropénies, diarrhées…) ont été plus nombreux sous mFOLFORINOX que sous gemcitabine (76 % contre 53 %). "Mais ils sont gérables et ne remettent pas en question le meilleur rapport bénéfices-risques de cette combinaison", a indiqué le Pr Jean-Baptiste Bachet (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris). "Une chimiothérapie de type FOLFORINOX peut aussi être proposée dans les cancers localement avancés, n’ayant pu bénéficier d’un geste chirurgical, et en première ligne des cancers métastatiques lorsque les patients conservent un bon état général, une alternative étant représentée par la combinaison gemcitabine-nabpaclitaxel", a ajouté le Pr Sauvanet (Hôpital Beaujon, Clichy-la-Garenne, 92).
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