Cancers: les Hauts-de-France particulièrement touchés

25/01/2019 Par Marielle Ammouche
Cancérologie

En France, les dernières données épidémiologiques concernant les cancers dans leur globalité faisaient état d’une tendance au ralentissement de la progression de leur incidence (voire d’un léger recul pour les hommes), et d’une baisse de la mortalité. Cependant sous ces tendances nationales générales "se cachent des disparités parfois importantes sur le territoire français" affirme Santé Publique France, qui a donc voulu disposer de chiffres plus précis sur le plan géographique.

Pour la première fois, le réseau français des registres des cancers (réseau Francim), le service de Biostatistique-Bioinformatique des Hospices Civils de Lyon, l’Institut national du cancer et Santé publique France ont donc  de publié des estimations d’incidence et de mortalité à l’échelle régionale et départementale pour 24 cancers en France. Les variations d’incidence et de mortalité par cancer sont décrites pour les 13 régions métropolitaines et 3 régions Outre-Mer (Guadeloupe, en Guyane et en Martinique) sur la période 2007-2016. Le compte rendu se présente sous la forme de 16 synthèses régionales Il en ressort que les Hauts de France sont particulièrement touchés. "De nombreux cancers apparaissent en sur-incidence et sur-mortalité" par rapport aux chiffres nationaux. C’est le cas en particulier des cancers ORL et de la face (lèvre-bouche pharynx), de l’oesophage, du côlon-rectum, de la prostate, du sein, du poumon, de la vessie et du foie. Les experts établissent un lien "plus ou moins marqué" entre ces cancers et les comportements de santé (tabagisme, alcoolisme, surcharge pondérale). Parmi les cinq départements de la région, le Nord et le Pas-de-Calais présentent souvent une situation plus défavorable en termes d’incidence et de mortalité. La région Pays-de-la-Loire se situe en deuxième position des régions métropolitaines les plus touchées par le cancer chez l'homme, avec une sur-incidence et une sur-mortalité des cancers en partie liées à la consommation d’alcool (lèvre-bouche-pharynx, oesophage et foie), et du cancer de la prostate. En revanche, la situation est relativement favorable chez la femme par rapport à la France métropolitaine (toutes localisations confondues). En Bretagne aussi, on observe une incidence et une mortalité supérieures à la moyenne nationale pour les cancers liés à la consommation d'alcool et au tabac. A l'inverse, en Auvergne-Rhône-Alpes, la situation globale apparait "favorable chez les hommes et chez les femmes par rapport à la France métropolitaine". Les auteurs du rapport constatent "des niveaux d'incidence et de mortalité parmi les plus bas de France métropolitaine pour des cancers qui partagent le tabac et/ou l'alcool comme facteur de risque: poumon, oesophage, larynx et lèvre-bouche-pharynx". Globalement, "les contrastes (entre les régions, voire les départements) sont plus prononcés en termes de mortalité que d'incidence", explique à l'AFP Florence de Maria, responsable de l'unité cancers à Santé publique France (SpFrance). Parmi les autres faits marquants, les experts ont relevé "une sur-incidence  prononcée des cancers de la thyroïde dans les départements du Sud-Est et en Corse ainsi que sur le pourtour Atlantique", ajoute Édouard Châtignoux, statisticien à Santé publique France. Selon lui, cela pourrait provenir des "différences de diagnostic entre les territoires". Les spécialistes insistent toutefois sur le fait que ces études sont "descriptives": elles ne permettent pas d'établir un rapport de cause à effet certain entre les contrastes régionaux observés et les hypothèses d'explication, même si ce rapport semble évident en ce qui concerne les cancers liés au tabac et à l'alcool. Chaque année, on relève 356 000 nouveaux cas de cancer en France métropolitaine, dont 55% chez l'homme, rappelle l'étude. Le nombre de décès est en moyenne de 152 000 par an (89 000 chez les hommes et 63.000 chez les femmes).

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