VIH : de nombreuses pistes d’amélioration en France et dans le monde

28/11/2018 Par Marielle Ammouche
Infectiologie

Pour la trentième édition de cette Journée mondiale, le 1er décembre prochain, le thème retenu est "Connais ton statut". Les dernières données de Santé Publique France font état de 6000 découvertes de séropositivité VIH en 2016, en diminution de 5% par rapport à 2013. Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et les hétérosexuels nés à l’étranger restent les deux groupes les plus touchés, représentant respectivement 45% et 38% des découvertes en 2017-2018. Mais malgré cette évolution à la baisse, plus d’un quart des découvertes sont toujours trop tardives : 28% des patients avaient un nombre de lymphocytes CD4<200/mm3. Et près de la moitié des découvertes (49%) a concerné des personnes qui déclarent n’avoir jamais été testées auparavant. Une autre étude, publiée dans le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH daté du 1er décembre 2018) met par ailleurs en évidence un faible dépistage chez les séniors, entrainant une augmentation des diagnostics dans cette catégorie d’âge. Ainsi, en 2016, le nombre de seniors ayant découvert leur séropositivité a été estimé à 1 184, en augmentation régulière depuis 2008. Les séniors représentent actuellement 20% de l’ensemble des découvertes. Par rapport aux plus jeunes, ils sont moins souvent des HSH, plus souvent des hétérosexuels nés en France, se font moins dépistés et sont plus fréquemment diagnostiquées à un stade avancé de l’infection. "Ce niveau de dépistage insuffisant chez les seniors peut être expliqué par une moindre perception du risque de contamination par le VIH, à la fois par les personnes elles-mêmes mais également par les professionnels de santé, alors que l’exposition à l’infection persiste au-delà de 50 ans. Il est donc important que les actions de prévention incluent cette population", concluent les auteurs de l’étude. Autre piste d’amélioration, la prévention. La situation apparait en effet inquiétante en particulier chez les jeunes. Une étude de la Smerep qui vient d’être publiée montre en effet qu’un étudiant sur deux déclare ne pas utiliser de préservatif à chaque rapport sexuel et que 7 sur 10 ne se font pas systématiquement dépister lorsqu'ils changent de partenaire. En outre, 1 lycéen sur 10 pense encore que l'on guérit facilement du VIH-Sida avec les traitements actuels. Des progrès majeurs ont été réalisés sur le plan thérapeutique et aujourd’hui, à l’échelle internationale, 79% des sujets infectés ont accès au traitement. Cependant on estime qu’au niveau mondial, un sujet sur quatre vivant avec le VIH ne connait pas son statut. "Le dépistage du VIH est essentiel pour étendre la couverture du traitement et s’assurer que les personnes vivant avec le VIH puissent mener une vie productive et en bonne santé. Par ailleurs, il est vital d’atteindre les objectifs 90-90-90 et de donner aux gens les moyens de faire les bons choix en termes de prévention du VIH, de manière à ce qu’ils puissent se protéger eux-mêmes et ceux qu’ils aiment" insiste l’Onusida. En effet, les autorités mondiales ont fixé pour 2020 les objectifs de 90% des personnes infectées qui connaissent leur statut sérologique, 90% qui reçoivent un traitement anti rétroviral durable, et 90% qui ont une charge virale durablement supprimée. Or selon le dernier rapport de l’Onusida, les nouvelles infections au VIH sont en augmentation dans une cinquantaine de pays, et elles n’ont diminué que de 18 % au cours des sept dernières années, passant de 2,2 millions en 2010 à 1,8 million en 2017. En conséquence, la baisse n’est pas assez rapide pour atteindre l’objectif de moins de 500 000 nouvelles infections à VIH d’ici 2020. L’Europe n’est pas épargnée. En 2016, plus de 160 000 personnes ont reçu un diagnostic de séropositivité dans la région européenne de l’OMS, dont plus de 29 000 dans l’UE et l’Espace économique européen (EEE). C’est la partie orientale qui est principalement responsable de cette situation avec près de 80 % de ces nouveaux cas. Cette évolution est à mettre en relation avec le fait que plus de la moitié (51 %) des diagnostics sont effectués à un stade avancé de l’infection, entrainant la propagation du virus. La stigmatisation et la discrimination continuent de dissuader les individus de faire le test. "L’accès au dépistage confidentiel reste un sujet de préoccupation", confirme l’Onusida.

 
En chiffres
. 36.9 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde en 2017
. 1,8 million de nouvelles infections en 2017
. 940 000 décès liés au sida dans le monde en 2017
. 180 000 cas de transmission mère-enfant

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