Prévention du VIH par PrEP : l’Igas dénonce à retard à la prise de décision

14/07/2018 Par Marielle Ammouche
Infectiologie

Selon un rapport de l’Inspection générale interministérielle du secteur social (Igas) qui vient d’être rendu public, la longueur de l’instruction de la recommandation temporaire d’utilisation (RTU) de Truvada dans le cadre de la prophylaxie pré-exposition de l’infection à VIH (pre-exposition prophylaxis ou PrEP) a été trop longue, ce qui a entrainé un nombre important de contaminations qui auraient pu être évitées.

La RTU du Truvada dans l’indication de traitement préventif du VIH a été décidée en janvier 2016. Elle a pris fin au 1er mars 2017, avec l’extension de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de ce produit pour la PrEP. Les auteurs du rapport, Drs G. Duhamel et A. Morelle, critiquent particulièrement la lenteur du processus de décision en amont. Ainsi, la mise en oeuvre de cette mesure de prévention qu'est la Prep est intervenue trois ans après que l'association Aides avait saisi l'Agence du médicament (Ansm), et trois ans et demi après l'autorisation de ce traitement préventif aux États-Unis, intervenue le 16 juillet 2012. Et, d’après le communiqué de presse de l’Igas, "selon un chiffrage tenant compte d’une montée en charge progressive du dispositif, le nombre de contaminations liées au délai de décision serait d’environ 350". À l’inverse, la mise à disposition du Truvada via la RTU "a permis à la France de gagner 7,5 mois par rapport à l’autorisation de mise sur le marché européen et d’éviter ainsi des contaminations par le VIH" ; entre 600 et 1 500 contaminations par le VIH auraient ainsi été évitées. "La France a été le premier pays en Europe à permettre de façon effective, à partir de janvier 2016, l'utilisation du Truvada à titre préventif", souligne auprès de l'AFP le Dr Dominique Martin, directeur général de l'Agence du médicament. "Cette (dernière) évaluation de l'Igas est un paradoxe absurde par rapport à la réalité, puisqu'on est intervenu avant les autres pays européens", s'indigne-t-il. En fait, "la PrEP est encore peu utilisée - par seulement 6% des personnes concernées, d'après les données dont nous disposons" affirme M. Martin en relevant que les estimations de la direction générale de la santé (DGS) de 2015 sont "supérieures à ce qu'on observe aujourd'hui". La mission à l’origine du rapport recommande "la redéfinition du cadre législatif encadrant le recours à des médicaments ne disposant pas d’AMM dans des indications reconnues comme utiles à la santé publique". Plus précisément, elle préconise "de remplacer le cadre juridique de la RTU par une recommandation d’usage émanant de la Haute Autorité de Santé avec octroi d’une AMM d’office par l’Ansm". "Cette orientation s’inscrit toutefois difficilement dans le cadre juridique communautaire actuel relatif au médicament" reconnait l’Igas. En outre, les inspecteurs pointent des inégalités dans l’accès au traitement qui apparait insuffisant parmi les hommes homosexuels et les personnes nées dans des pays à forte prévalence (Afrique subsaharienne), qui constituent pourtant "la très grande majorité des personnes contaminées chaque année" précise l’Igas. Le traitement apparait aussi plus accessible dans les zones urbaines de métropole. Parmi les leviers susceptibles d’améliorer la situation, la mission met en avant la situation épidémique en Guyane, "qui appelle un réexamen stratégique" ; elle suggère aussi d’élargir l’accès à la PrEP "aux adolescents à risque substantiel de contamination par le VIH", bien que "l’élargissement à l’ensemble de la population justifierait un débat public" ajoute l’Igas.  La PrEP fait actuellement l'objet d'une campagne d'affichage par l'association Aides.

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