Pas de risque d’anomalie congénitale en cas d’exposition à la metformine au cours du 1er trimestre de grossesse

10/07/2018 Par Pr Philippe Chanson
Gynécologie-Obstétrique

Une exposition à la metformine est possible en début de grossesse chez les femmes qui reçoivent ce traitement pour syndrome des ovaires polykystiques ou chez les prédiabétiques qui prennent de la metformine en prévention d’un diabète. Cependant, la metformine peut altérer la fonction des cellules souches et traverse le placenta humain à terme, ce qui expose le fœtus à des concentrations proches de celles trouvées dans la circulation maternelle. Trois méta-analyses et une étude de cohorte ont suggéré que le taux d’anomalies congénitales majeures combinées n’était pas significativement augmenté après exposition à la metformine.

Une étude européenne à grande échelle (11 EUROmediCAT) a utilisé une vaste base de données sur les naissances en Europe pour confirmer l’innocuité de la metformine. Les données de 1 892 492 naissances en Europe entre 2006 et 2013 ont servi de base à une étude cas-témoins : 50 167 bébés présentaient des anomalies congénitales (41 242 non génétiques et 8 925 génétiques), incluant des enfants mort-nés, des décès de fœtus à partir de la 20ème semaine de grossesse et des interruptions médicales de grossesse pour anomalies fœtales. 168 bébés présentant des anomalies congénitales (141 non génétiques et 27 génétiques) ont été exposés à la metformine, donnant un taux de 3.3 pour 1 000 naissances. En comparaison des enfants ayant des anomalies congénitales d’origine génétique, il n’a pas été trouvé d’exposition supérieure à la metformine au cours du 1er trimestre chez les enfants qui présentaient des anomalies congénitales d’origine non génétique (odds ratio ajusté = 0.84 ; IC 95 % = 0.55-1.3). Le seul résultat significatif l’était pour les valves pulmonaires avec un odds ratio ajusté de 3.54 (IC 95 % : 1.05-12) en comparaison des témoins non génétiques et 2.86 (0.79-10.3) en comparaison avec les témoins génétiques. En conclusion, selon cette étude européenne, il n’y a aucun argument en faveur d’une augmentation du risque d’anomalies congénitales d’origine non génétique combinées après exposition à la metformine au cours du 1er trimestre de grossesse. La seule association significative n’était pas supérieure à ce qui aurait pu être observé par hasard. La surveillance doit continuer pour augmenter la taille de l’échantillon et suivre, éventuellement, un signal cardiaque mais ces données sont plutôt rassurantes compte tenu de l’augmentation de l’utilisation de la metformine au cours de la grossesse.

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Michel Lemariey-Barraud

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