Des pistes pour améliorer la prescription des antibiotiques en Ehpad
La première enquête épidémiologique réalisée en France sur les infections associées aux soins et les traitements antibiotiques en Ehpad révèle que la proportion d’infection dans ces établissements est faible. Elle met cependant en lumière des pistes d’amélioration de leur prise en charge telles qu’une vigilance accrue vis-à-vis des traitements antibiotiques prophylactiques, le raccourcissement de la durée du traitement curatif, une meilleure documentation biologique de l’infection ou son contrôle précoce.
Santé publique France et le réseau CClin-Arlin publient les résultats de Prev’Ehpad, la première enquête épidémiologique nationale sur la prévalence des infections associées aux soins et des traitements antibiotiques en établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en 2016. Il s’agit d’une enquête réalisée un jour donné sur un échantillon de 367 Ehpad (sur un total de 7 387), incluant 28 277 patients. Ces derniers étaient pour les ¾ des femmes ; et près de 2/3 avaient plus de 85 ans. Selon les résultats de cette étude, la prévalence nationale des résidents présentant au moins une infection active le jour de l’enquête est estimée à 2,93 %, variant de 0 à 21,1 % selon les Ehpad répondants, sans disparité régionale significative, précise Santé Publique France. La prévalence des infections est de 3,04%. Ce chiffre est légèrement plus élevé car un résident peut présenter plusieurs infections. Les infections urinaires apparaissent les plus fréquentes (36,9 %), suivies par les infections respiratoires basses (24%), les infections de la peau et des tissus mous (20,04%), les pneumonies (11%), Les infections d’escarre (5,6%). La prévalence des infections à Clostridium difficile s’élève à 0,1%. Les germes les plus fréquemment observés dans les infections urinaires sont Escherichia coli, Proteus mirabilis et Klebsiella pneumoniae. Ces résultats semblent plutôt positifs car ils sont plus faibles que ceux observés dans les précédentes enquêtes françaises ou étrangères, "même si les méthodologies sont difficilement comparables" concède Santé Publique France. Par ailleurs, la prévalence nationale des résidents avec au moins un traitement antibiotique en cours par voie générale le jour de l’enquête est estimée à 2,76 %, sans variation significative entre les différentes régions. Dans la majorité des cas, le traitement se fait par voie orale (85,1 %). Les antibiotiques utilisés sont principalement à visée pulmonaire (36,2 %), urinaire (33,3 %), de la peau et des tissus mous (14,8 %). Les plus prescrits sont les céphalosporines de 3e génération (20,9 %, dont 12,9% de ceftriaxone), suivies des pénicillines A (19,0 %), de l’amoxicilline-acide clavulanique (16,0%), des macrolides et apparentés (12,3%) et des fluoroquinolones (11,4%). Les auteurs soulignent la forte prescription de traitements prophylactiques (13,7 %), essentiellement à visée urinaire. La durée et la surveillance des traitements curatifs apparaissent aussi inadaptées avec, au jour de l'enquête, des traitements qui dépassent 7 jours dans 34,4 % des cas et l’absence de réévaluation systématique dans les 3 jours dans près de 70% des cas. Enfin, autre point négatif, cette fois -ci sur le plan organisationnel : la faible proportion d’accès expertise en hygiène (64,6 %), à un référent en antibiothérapie (45,3 %), ainsi que la présence insuffisante d'un correspondant en hygiène (59,4 %). Santé Publique France conclut que "la documentation microbiologique des infections, l’évaluation de la pertinence des traitements prophylactiques (urinaires), l’utilisation d’outils d'aide à la prescription, la réduction de la durée des traitements et la réévaluation systématique dans les 3 jours sont des pratiques qui doivent être renforcées". Cette enquête Prev’Ehpad doit être renouvelée tous les 5 ans pour évaluer l’évolution de ces indicateurs.
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