Le dépistage du cancer de la prostate (53 913 nouveaux cas et 8893 décès en 2011 en France métropolitaine selon l’Institut National du Cancer) par dosage annuel du PSA chez tous les hommes âgés de 50 à 75 ans est un sujet de controverses entre partisans convaincus qu’un tel dépistage permet de réduire la mortalité, et opposants considérant que le rapport bénéfice / risque d’un tel screening est défavorable en raison notamment des sur-traitements qu’il induit, avec d’importantes conséquences sur la qualité de vie de patients dont le cancer serait resté latent en l’absence d’intervention thérapeutique.
Cette opposition s’est notamment cristallisée après que deux études aux résultats apparemment discordants ont été publiées il y a quelques années, à savoir la PLCO (Prostate, Lung, Colorectal and Ovarian Cancer Screening Trial) menée aux Etats-Unis et la ERSPC (European Randomized Study of Screening for Prostate Cancer) menée en Europe. L’étude américaine ne montrait pas de bénéfice du screening biologique sur la mortalité quand l’étude européenne mettait en évidence une réduction de la mortalité d’environ 21%. Ce débat connaît une nouvelle avancée puisqu’une étude tout juste publiée dans la revue Annals of Internal Medicine, s’appuyant sur les données des deux études précitées, en arrive à la conclusion que ce screening réduit bel et bien la mortalité imputable au cancer de la prostate. Et cette réduction est loin d’être négligeable puisqu’elle est estimée entre 25 et 31% dans l’étude européenne et entre 27 et 32% dans l’étude américaine. Pourquoi cette nouvelle analyse des résultats de l’étude américaine infirme-t-elle les résultats antérieurs ? Tout simplement en raison d’un biais qui n’avait pas été initialement pris en considération, à savoir que 50% des hommes du groupe contrôle (sans screening) avaient en réalité eu un dosage de PSA antérieurement à la date de leur inclusion dans l’étude, dosage qui avait potentiellement sélectionné un certain nombre de patients à risque soumis en conséquence à un suivi urologique. Le débat autour du PSA n’est sans doute pas clos mais partisans et opposants se retrouveront sans doute autour de positions nouvelles reposant sur les progrès de l’imagerie (IRM) et de la biologie (avec un nouveau marqueur tel que la kallicréine) pour définir de nouvelles procédures permettant de réduire la fréquence des sur-traitements.
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