Vers la disparition de la médecine scolaire ?

05/09/2017 Par Marielle Ammouche
Santé publique

Nouvelle année scolaire, nouveau départ… La rentrée scolaire est l’occasion de faire le point sur la santé des enfants et des adolescents. Cette rentrée 2017 est particulièrement placée sous l’angle de la prévention avec la généralisation de l’obligation vaccinale à 11 vaccins. Mais a-t-on, en France, les moyens d’une vraie médecine préventive à l’école ? Actuellement on ne compte qu'un médecin scolaire pour 12 000 élèves en moyenne en France.

  La médecine scolaire est en crise. Depuis de nombreuses années, le manque de moyens accordés cette discipline, est régulièrement dénoncé que ce soit par les professionels, ou par les parents. Dans son dernier rapport 2016, publié en juin, le médiateur de l’éducation nationale affirmait : "depuis longtemps, le constat est fait d’un problème global de recrutement des médecins à l’éducation nationale". Les chiffres sont éloquents concernant la démographie de ces praticiens. 1 035 médecins étaient en fonction au 1er juin 2016, dont 1 027 en académies. Cela représentait une baisse de l'ordre de 20 % depuis 2008. Et la situation ne risque pas d’évoluer dans le bon sens du fait d’une pyramide des âges défavorable. "Une quarantaine de médecins ont plus de 65 ans et 240 ont entre 60 et 65 ans, ce qui laisse présager d'un nombre très important de départs à la retraite dans les années qui viennent“ complétaient M. Jean-Claude Carle et Mme Françoise Férat, au nom de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication, dans l‘avis sénatorial n° 144 (2016-2017), déposé le 24 novembre 2016, dans le cadre du projet de loi de finances 2017 sur l’enseignement scolaire. L‘âge moyen des médecins scolaires est actuellement de 54,8 ans. En 2015, seuls 42 % des postes étaient pourvus. Cela aboutit à un taux d'encadrement moyen des élèves estimé à un médecin scolaire pour de 12 000 élèves. La situation est particulièrement critique en Seine -Saint-Denis, département considéré comme l‘un des plus pauvres de France, et qui concentre un nombre important de problèmes sanitaires et sociaux. Sur les 49 postes de médecins scolaires prévus par le département, seuls 29 sont occupés. Plusieurs organisations syndicales (syndicats d’enseignants Sud et FSU, association de parents d’élèves Fcpe, Ligue des droits de l’Homme) se sont emparées de cette situation jugée "scandaleuse". Elles tentent de mobiliser en organisant des rasemblements et en envisageant d’attaquer la responsabilité de l’Etat devant la justice.   Un retard au diagnostic et un risque d’échec scolaire   En effet, cette pénurie de médecins scolaire fait que, même s’il n’existe plus que 2 visites obligatoires à l’école – une médicale dans la sixième année de l'enfant, assurée par un médecin, et une de dépistage dans sa douzième année, effectuée par un infirmier – dans de nombreuses régions, elles sont loin d’être effectives pour tous les élèves concernés. Le médiateur avance le chiffre de 20% voire 10% des élèves vus dans leur 6ème année. Souvent, les examens sont désormais effectués uniquement sur demande ou en cas d’urgence. Le médiateur tire donc la sonnette d’alarme et rappelle que les missions du médecin scolaire ont été redéfinies récemment par la circulaire n° 2015-119 du 10 novembre 2015. Auparavant, les infirmier(ère)s faisaient, pour les élèves de cet âge, un premier niveau de dépistage et envoyaient vers le médecin de l’éducation nationale les enfants qui semblaient poser problème. Ces derniers s’occupent désormais du dépistage des élèves dans leur douzième année (détection des troubles spécifiques du langage et de l'apprentissage, entretien avec l'élève, vérification des vaccinations, examen staturo-pondéral, évaluation de la situation clinique, dépistage des troubles visuels et auditifs, hygiène bucco-dentaire). "Ainsi les médecins de l’éducation nationale se retrouvent seuls pour faire le bilan de la sixième année" constate le médiateur. Et même si les enseignants sont mis à contribition pour repérer les élèves à dépister en priorité, "ce système ne permet pas de repérer les élèves atteints d’un handicap non visible" et risque d’entrainer des retards voire des erreurs diagnostiques. Avec un risque d‘échec scolaire plus important. Pour M. Carle et Mme Férat, une amélioration de la situation passe nécessairement par une plus grande l'attractivité de la profession de médecin scolaire ; l'accueil d'internes et le recours accru à des contractuels et vacataires avec une revalorisation du taux de vacation (21 euros de l'heure actuellement) ; la conduite systématique d'une première visite de filtrage par les personnels infirmiers avant le bilan de la sixième année.

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