"Le scandale de la disparition de la médecine scolaire" porté devant la justice
En Seine-Saint-Denis, il ne reste plus que 29 médecins scolaires. Plusieurs syndicats et associations vont déposer une requête en responsabilité au tribunal administratif.
"Notre constat, c’est que les droits des élèves ne sont pas respectés. Que le service public d’éducation n’assure pas correctement sa mission de promotion de la santé", interpelle Paul-Arthur Chevauchez, militant SUD, dans Le Monde. Pour mettre fin au "scandale que constitue la disparition de la médecine scolaire" en Seine-Saint-Denis, le syndicat va déposer une requête en responsabilité au tribunal administratif, aux côtés de la FSU, de la Ligue des droits de l'homme et de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE). En 2016, le département ne comptait plus en effet que 29 médecins scolaires, soit 1 pour 12 000 élèves. Résultat, "seuls 10% des enfants passent la visite médicale de l'année des 6 ans", pourtant obligatoire, affirment les organisations, qui manifestaient hier à Montreuil. Aux Lilas, le médecin est parti à la retraite en 2016, sans successeur. "Depuis son départ, la visite médicale obligatoire des enfants à 6 ans n’est pas assurée, pointe Lila Tapia, élue FCPE. Nous n’avons personne pour détecter les troubles d’apprentissage, les problèmes de santé, les cas de maltraitance ou pour faire de la prévention dans les écoles." Des missions d'autant plus primordiales dans ce département, réputé le plus pauvre de France, où le médecin scolaire est parfois "le seul lien avec la médecine". Mais la pénurie est nationale : 1 035 médecins étaient en fonction au 1er juin 2016, soit un effondrement des effectifs de l’ordre de 20 % depuis 2008, pointe un rapport du médiateur de l'Education nationale. 280 d'entre eux ont plus de 60 ans et devraient bientôt prendre leur retraite. La situation n'est pas près de s'arranger : au concours 2017, seuls 22 des 80 postes ont été pourvus. En cause, une trop faible rémunération, aux alentours de 2000 euros par mois en début de carrière et jusqu'au double en fin de carrière. "Les salaires sont ridicules", comparés au reste de la profession, affirmait jeudi Pierrette Clozier, membre du syndicat Syndicat des médecins de l'Education nationale (Smeden-FO). Retraitée de 72 ans, elle exerce encore une journée par semaine en raison de la pénurie de professionnels et "par amour du métier". "On ne fait que des examens à la demande et des urgences. On ne peut plus faire de prévention", regrette-t-elle. Le ministère de l'Education, en collaboration avec le ministère de la Santé, promet des annonces à l'automne. [avec lemonde.fr et AFP]
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