Les diabétiques de type 1 ont un risque accru d’accidents automobiles, probablement du fait des effets potentiels aigus sur leurs capacités cognitivo-motrices lors des périodes de glycémies extrêmes et du fait des complications chroniques comme la rétinopathie ou la neuropathie, qui peuvent interférer avec une conduite automobile sécurisée. Toutefois, tous les conducteurs diabétiques de type 1 ne sont pas à risque élevé d’accidents de voiture.
Des travaux antérieurs ont en effet montré que ceux qui avaient des accidents étaient ceux qui avaient une sensibilité à l’insuline supérieure, qui libéraient moins de catécholamines au cours des hypoglycémies et avaient peu de symptômes d’alarme de l’hypoglycémie mais aussi ceux qui avaient de moins bons scores neuropsychologiques au cours de l’hypoglycémie et qui conduisaient moins bien dans des simulateurs de conduite en hypoglycémie. Afin de développer et de valider une mesure permettant d’identifier les diabétiques de type 1 à risque élevé de futur accident de voiture et de proposer une intervention on line pour réduire les accidents de voiture chez ces conducteurs à haut risque, une équipe américaine a monté deux études. Dans la première étude, 1 371 conducteurs diabétiques de type 1 de trois régions des Etats-Unis ont complété des questionnaires sur le diabète et la conduite. Ils ont ensuite enregistré tous les accidents et incidents de conduite des 12 derniers mois. Les items du questionnaire qui discriminaient de manière spécifique les conducteurs qui avaient eu ou qui n’avaient pas eu d’accident ont été rassemblés dans une échelle de risque, appelée Risk Assessment of Diabetic Drivers (RADD). Dans une seconde étude, 1 737 conducteurs diabétiques de type 1 recrutés dans l’ensemble des Etats-Unis ont complété on line l’échelle RADD. Parmi eux, 118 conducteurs à bas risque et 372 conducteurs à haut risque ont été sélectionnés pour participer à une étude pendant laquelle tous les accidents de conduite étaient enregistrés pendant une période de deux mois précédant puis pendant une période de douze mois suivant l’intervention. Les participants à haut risque étaient randomisés pour recevoir soit une prise en charge habituelle, soit l’intervention on line avec la réalisation d’un programme sur le site DiabetesDriving.com. La moitié des participants au DiabetesDriving.com ont eu une interview motivationnelle au début et à la fin de l’étude afin de stimuler la participation et l’efficacité. Tous les participants du groupe à bas risque recevaient une prise en charge habituelle. Dans les deux études, le critère d’évaluation principal était les accidents de conduite. Pour ce qui concerne le premier objectif, dans l’étude 1, l’analyse de RADD a montré une sensibilité de 61 % et une spécificité de 71 % dans la prédiction de la survenue d’accidents. Les participants dans le tiers supérieur de la distribution de RADD (conducteurs à haut risque) ont rapporté 3.03 accidents/conducteur/an en comparaison de ceux du tiers inférieur (conducteurs à bas risque) qui n’en rapportaient que 0.87 (p < 0.001). Dans l’étude 2, les participants à haut risque qui avaient reçu les conseils habituels ont rapporté 4.3 accidents/conducteur/an et les conducteurs à bas risque ont rapporté 1.6 accident/conducteur/an (p < 0.001). Les participants ayant suivi le programme DiabetesDriving.com ont rapporté moins d’accidents de conduite en relation avec une hypoglycémie que les participants à haut risque qui n’avaient pas suivi le programme (p = 0.01) mais plus que les participants à bas risque n’ayant pas suivi le programme, réduisant donc la différence entre les participants à haut risque et les participants à bas risque de 63 %. Les conducteurs à haut risque étaient différents des conducteurs à bas risque au début de l’étude pour toute une série de paramètres concernant l’hypoglycémie et la conduite. L’échelle RADD permet donc d’identifier les conducteurs à haut risque et cette identification semble relativement stable au cours du temps, des échantillons et des procédures. Ce questionnaire de 11 items pourrait permettre d’informer les patients à haut risque et leur médecin qu’ils doivent prendre des mesures préventives pour réduire les accidents de voiture ce qui peut être fait, par exemple, en utilisant le programme DiabetesDriving.com.
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