Une tendance à la réduction de la consommation d’alcool et une diminution significative du craving chez les patients traités par le baclofène versus placebo ont été observées dans l’essai randomisé Alpadir qui vient d’être publié. En revanche, cette étude n’a pas démontré la supériorité du baclofène pour le maintien de l’abstinence.
L’alcoolodépendance est un problème majeur de santé publique pour lequel de nouveaux traitements sont nécessaires. Dans une nouvelle étude, le baclofène n’a pas démontré sa supériorité à la dose cible de 180 mg/j par rapport au placebo pour le maintien de l’abstinence. Cependant, une tendance à la réduction de la consommation d’alcool et une diminution significative du craving (envie irrésistible de boire) avec le baclofène ont été observées. Cet essai clinique français, l’étude Alpadir*, randomisée en double aveugle contre placebo, a évalué l’efficacité et la tolérance du baclofène à la dose cible de 180 mg par jour chez des patients alcoolodépendants pour le maintien de l’abstinence et la réduction de la consommation d’alcool. 320 patients adultes sevrés ont été randomisés (158 dans le groupe baclofène et 162 dans le groupe placebo). Après une période de titration de 7 semaines, la dose de maintenance était administrée pendant 17 semaines, puis progressivement diminuée pendant 2 semaines avant d’être arrêtée. Les résultats montrent que le pourcentage de patients abstinents pendant 20 semaines consécutives (critère principal) était bas (baclofène : 11,9% ; placebo : 10,5%). La différence entre les deux groupes n’est pas significative (odds ratio 1,20; IC 95%: 0,58 - 2,50; p = 0,618). Cependant, dans les deux groupes, les patients ont réduit leur consommation d’alcool dès le premier mois. Au 6ème mois, la différence entre les deux groupes était de 10,9 g/j en faveur du baclofène et n’était pas statistiquement significative (p = 0,095). Cette différence de réduction de consommation d’alcool au 6ème mois était encore plus importante dans le sous-groupe de patients avec une consommation d’alcool à haut risque (15,6 g/j en faveur du baclofène, p = 0,089). Le craving, évalué avec l’échelle OCDS (Obsessive-Compulsive Drinking Scale), était significativement diminué dans le groupe baclofène (p = 0, 017). Aucun problème majeur de tolérance n’a été rapporté pendant l’étude. Dans une autre étude française, l’essai Bacloville (320 patients de 18 à 65 ans suivis par des médecins généralistes, prenant le médicament jusqu’à 300 mg/j ou un placebo), le baclofène à forte dose a permis de réduire significativement la consommation d’alcool, mais seulement dans un peu plus d’un cas sur deux. À un an, l’abstinence (ou la réduction de la consommation à un niveau médicalement acceptable) était atteinte chez 56,8 % des patients traités contre 36,5 % de ceux sous placebo. Pour les promoteurs de ces essais, il est clair que le baclofène n’est pas le "médicament miracle" de l’alcoolodépendance. Mais cette molécule peut aider à réduire des consommations alcooliques délétères. Le baclofène devrait donc trouver progressivement sa place dans un arsenal thérapeutique qui reste limité.
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