"C’était une promesse de Macron, on est obligés de la tenir" : la réponse du cabinet de Braun sur la 4eme année de MG

18/10/2022 Par Marion Jort
Reçus par le ministre puis son directeur de cabinet adjoint pendant la grande manifestation du 14 octobre contre l’ajout d’une quatrième année d’internat de médecine générale, les syndicats représentatifs des internes n’ont pour l’instant pas réussi à obtenir le retrait de la mesure du PLFSS 2023. 

  Un “succès”, c’est ainsi que l’InterSyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale qualifie la grande journée de mobilisation du 14 octobre contre l’ajout d’une quatrième année d’internat à leur DES*. Vendredi dernier en effet, plus de 2.000 internes selon la préfecture et 3.000 selon les organisateurs, ont défilé entre le ministère de la Santé et le Sénat pour faire savoir leur opposition à cette mesure, inscrite dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023.  A l’occasion de cette mobilisation, les présidents de l’Isnar-IMG, de l’InterSyndicale nationale des internes et de l'Association nationale des étudiants en médecine de France et de l’Association nationale des étudiants en médecine de France ont été reçus par le directeur adjoint du cabinet de François Braun. “Mais le ministre est passé cinq minutes en début de réunion avant de nous abandonner pour partir à l’Elysée”, grince Olivia Fraigneau, présidente de l’Isni.  Pendant cette brève entrevue, le ministre a réaffirmé son attachement pour la quatrième année d’internat de médecine générale et sa volonté de faire aboutir ce projet. “Il l’a qualifié de priorité politique”, relate Olivia Fraigneau. Selon elle, le ministre aurait également rappelé qu’il était opposé à toutes les mesures coercitives. “On attend donc de voir à quel point le Gouvernement est contre lors des votes à l’Assemblée nationale !” Le cabinet s’est aussi rendu compte avec la journée du 14 octobre que les internes “sont massivement contre”, renchérit le président de l’Isnar-IMG. Selon Raphaël Presneau, le ministre a compris vendredi dernier qu’ils “ne lâcheront rien tant que la mesure n’est pas retirée du PLFSS”. "François Braun nous a dit qu’il pensait qu'il y avait un malentendu sur le sujet. S’il y en a eu un, ça vient plutôt de chez eux car ils n’arrêtent pas de dire que les internes veulent de cette année supplémentaire, ce qui est faux”, ajoute-t-il encore.  Pour autant, les syndicats sont amers de ne pas avoir eu plus de réaction de la part du cabinet du ministre. “Ils nous ont redemandé pourquoi nous y étions opposés, s’agace Olivia Fraigneau. Puis, ils nous ont expliqué qu’il n’était pas question de revenir sur cette décision.” “A la fin de la réunion, ils ont fini par nous lâcher : ‘vous savez, c’est une promesse d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. On est obligés de la tenir…’” Pas de quoi calmer la colère des syndicats, donc… “J’ai profité de l’entrevue avec l’équipe de François Braun pour expliquer que nous n’avons pas la preuve, aujourd’hui, que cette quatrième année est souhaitable pour les internes et pour la population”, précise Olivia Fraigneau. D’autant que, rappelle-t-elle, la formation en trois ans des futurs généralistes n’est déjà pas optimale. “Et ça, ils nous l’ont dit au ministère. Ils savent qu’on ne fait déjà pas tout ce qu’on est supposés faire… Sauf que pour eux, rajouter un an, c’est une bonne solution ! Alors que pour nous, c’est ‘niet’”. 

La présidente de l’Isni ne cache pas sa frustration de ne “pas être entendus”. “On est la variable d’ajustement de politiques désastreuses… sans qu’on ne nous donne d’arguments tangibles !”, dénonce-t-elle. Pour elle, comme pour Raphaël Presneau, il n’y a donc qu’une solution : continuer la mobilisation, coûte que coûte.  Dès cette semaine, chaque syndicat va décider de la suite à donner à la mobilisation. La grève étant illimitée, les internes qui le souhaitent peuvent continuer à se déclarer grévistes. Une nouvelle date de mobilisation nationale devrait être annoncée prochainement par l’Isnar-IMG et l’Isni.  *Diplôme d’études spécialisées     

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

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Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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