Il faudrait doubler le nombre de maîtres de stage universitaires en cas de quatrième année d’internat de médecine générale
Pour répondre à la multiplication des propositions de loi et amendements coercitifs depuis le début de l’année, trois syndicats représentatifs d’étudiants en médecine et de jeunes médecins ont décidé d’organiser un colloque sur l’accès aux soins, lundi 3 octobre, à destination des politiques, des usagers de la santé et des observateurs. L’objectif ? Établir un état des lieux sur l’accès aux soins, sur les véritables déterminants à l’installation des jeunes praticiens et présenter un panel de solutions pour répondre à la demande de soin, tout en libérant du temps médical.
Un événement organisé dans un contexte d’actualité brûlante pour les futurs généralistes notamment, appelés à la grève le 14 octobre prochain pour protester contre l’ajout d’une quatrième année d’internat à leur DES* “à réaliser en priorité dans les zones sous-denses” dans le PLFSS 2023.
Ouverture du colloque « accès aux soins » organisé par @ReAGJIR @ISNARIMG @ANEMF
Les jeunes médecins réunissent cet après midi : parlementaires, élus, représentants des usagers et soignants pour dresser un état des lieux et présenter des solutions concrètes pic.twitter.com/XQVnaJqhk7— ReAGJIR (@ReAGJIR) October 3, 2022
Pourtant, seule une dizaine ont fait le déplacement pour échanger avec les syndicats étudiants. La sénatrice de la Guadeloupe, Victoire Jasmin (groupe socialiste, écologiste et républicain), a par exemple fait part à l’Isnar-IMG, ReAGJIR et l’Anemf de sa volonté de “comprendre les enjeux” et de “ce dont les jeunes médecins ont besoin” pour exercer aujourd’hui. Volonté partagée par sa collègue de Toulouse Émilienne Poumirol, sénatrice du même groupe et généraliste à la retraite, venue échanger avec de jeunes confrères et consoeurs avant le vote de la proposition de loi controversée du sénateur LR Bruno Retailleau.
Doubler le nombre de MSU
Si les trois syndicats ont rappelé leur ferme opposition à un passage en force de la quatrième internat, dénonçant le manque de concertation et un délai de mise en oeuvre trop court pour s’assurer d’une formation correcte des futurs généralistes, le vice-président de l’Isnar-IMG a insisté sur le fait que les conditions d'accueil des étudiants en stage sont à l’heure actuelle déjà trop insuffisantes pour envisager de prolonger la maquette sans moyens supplémentaires. Selon les calculs du syndicat en effet, la médecine générale est la spécialité avec le plus faible taux d’encadrement : on décompte en moyenne 1 enseignant pour 80 carabins, contre 1 enseignant pour 10 carabins dans les autres spécialités.
Aujourd’hui, 12.000 maîtres de stage universitaires accueillent des étudiants de tous niveaux - externes, internes en stage ou en Saspas***. “Le constat est simple : il faut doubler leur nombre”, a ainsi affirmé Victor Vandenberghe, précisant au passage que cette demande est formulée par les organisations syndicales depuis déjà plusieurs années.
A la question de savoir si l’objectif de 24.000 MSU sur le territoire est tenable d’ici quatre ans, date à laquelle les premières promotions d’internes ayant effectué un DESMG de quatre ans sortiraient, les syndicats répondent néanmoins par la négative. “On constate de plus une formation de plus en plus légère, de trois ou quatre jours, inadéquate avec les besoins des futurs MSU et des internes”, pointe la Dre Élise Fraih, présidente de ReAGJIR et elle-même maître de stage universitaire.
Selon les syndicats, plusieurs risques peuvent émerger de cette pénurie de MSU, à commencer par celui de laisser des internes en autonomie non supervisée dans des zones sous-dotées, lors de cette quatrième année d’internat de MG. Car, contrairement au Saspas, les futurs généralistes pourraient être seuls dans leurs cabinets. “Les risques sont nombreux, poursuit la Dre Fraih. Les MSU aussi peuvent se sentir dépassés par un encadrement au rabais. Il leur sera difficile de surveiller la prise en charge de patients qu’ils ne connaissent pas et n’ont jamais vus, dans des bassins de vie qu’ils connaîtront peut-être moins bien.”
L’Isnar-IMG demande donc qu’un maître de stage universitaire ne puisse pas prendre en charge plus de deux étudiants en médecine à la fois, peu importe leur niveau ; et que le maître de stage ne soit pas à plus de 20 minutes en voiture du terrain de stage.
*diplôme d’études spécialisées
**InterSyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale, Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants et Association nationale des étudiants en médecine de France
***Stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisée
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