Trois ans après avoir déplaqué, je reviens à la médecine générale

28/01/2016 Par Sandy Berrebi-Bonin
Témoignage

Après avoir publié en 2012 un livre intitulé Médecine générale : courage fuyons, puis avoir déplaqué pour devenir coordinateur en Ehpad,  le Dr Paul Le Meut revient à ses premieres amours. Trois ans de salariat auront suffi au généraliste rennais pour le convaincre de se réinstaller dans un cabinet libéral.   35h par semaine, des vacances et un salaire garanti d'environ 4 500 euros net. Le Dr Paul Le Meut a aimé le confort du salariat. Mais ça n'aura pas suffi. Après avoir exercé trois ans en tant que médecin coordinateur en Ehpad, il a décidé de retrouver son ancienne vie de médecin généraliste. "L'ennui m'a convaincu de reprendre un cabinet libéral", confie le Dr Le Meut avant d'ajouter, "sur la durée, l'exercice était un peu routinier. Les relations avec certains directeurs d'Ehpad étaient parfois plus compliquées qu'avec la sécu". Après avoir retapé un corps de ferme pour y vivre, le praticien a décidé d'y installer son nouveau cabinet de généraliste. Depuis un an, il y exerce donc seul, avec la seule aide d'un secrétariat téléphonique. "J'ai des frais minimum. Je ne consulte que sur rendez-vous. J'organise mon travail comme je l'entends, avec le moins de pression possible", explique le Rennais de 60 ans. "La qualité de vie n'est pas comparable avec le salariat, mais l'exercice varié de la médecine générale et les relations fortes avec les patients me manquaient", admet le praticien.   "Le métier a tendance à régresser"   Pourtant, il y a quatre ans, poursuivre sa carrière dans la médecine générale n'était pas évident pour le Dr Le Meut. Désabusé, celui qui avait été directeur du département de médecine générale de la fac de Rennes, délégué régional de MG France et président de la section "généralistes" de l’Union Régionale des Médecins Libéraux de Bretagne avait publié un livre intitulé Médecine générale : courage fuyons. "Le métier ne bouge pas et je dirais même qu’il a tendance à régresser. Il y a de plus en plus de contrôles, de pinaillage de la part de l’assurance maladie. Je pense qu’elle voit le généraliste comme quelqu’un qui dépense de l’argent mais ne le voit pas comme un élément essentiel d’une prise en charge de qualité des populations", confiait le médecin à Egora en avril 2012.   "J'ai décidé de finir ma carrière comme un vieux con"   Près de quatre ans plus tard, son constat reste le même. "Je suis toujours aussi dépité. Rien n'a changé. La place laissée aux soins primaires me laisse dans un profond désarroi. La médecine générale n'a pas la place qu'elle mérite. Avant j'étais militant. Maintenant je suis rangé des voitures. J'ai décidé de finir ma carrière comme un vieux con", sourit le passionné de médecine générale. "Aujourd'hui je suis content. Une fois qu'on a fait un travail de deuil sur la capacité des politiques à avoir une vision du système de santé en France, on va mieux. Ces trois années de salariat ont été ma manière de faire le deuil", explique le praticien. Désormais, il travaille plutôt 55 heures par semaine pour un salaire à peine supérieur à celui qu'il touchait en tant que salarié. "Je démarre encore mon activité donc j'ai une présence importante pour une activité faible", explique le Dr Le Meut. En un an d'activité, le généraliste a atteint les deux tiers de son objectif. S'il travaille encore en Ehpad pour compléter ses revenus, il pourra bientôt se consacrer à 100% à la médecine générale.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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