Désert : un département demande à un jeune généraliste de rembourser une aide de 56.000 euros

07/07/2022 Par Marion Jort
Démographie médicale
Un jeune médecin généraliste, diplômé l’an dernier, est sommé de rembourser une bourse de 56.000 euros touchée par le département de l'Isère pendant ses études. Les élus du territoire lui reprochent de s’être installé dans l’Ain, plutôt que dans l’Isère où il avait promis d’ouvrir un cabinet. 

 

“Il nous a fait un petit dans le dos.” En Isère, les élus du département sont amers. Confrontés à une forte pénurie de médecins dans leur territoire, situé en zone sous-dotée, ils ont décidé de débloquer des bourses exceptionnelles pour inciter les futurs médecins à venir s’y installer. Un dispositif différent du contrat d’engagement de service public (CESP), déjà mis en place à l’échelle nationale. L’un d’eux s’était engagé dans le processus… mais leur aurait fait faux bond.  

Fin 2021, une journée est organisée pour permettre à une centaine d’internes de découvrir le secteur autour de la commune des Avenières-Veyrins-Thuellin, qui compte 8.000 habitants. Un interne en dernière année manifeste un intérêt pour le territoire, rapporte Le Dauphiné libéré. Il s’avère qu’il bénéficie, dans le cadre de son internat, de la fameuse bourse d’étude. La maire de la commune saute sur l’occasion. “On a fait des travaux à sa demande dans une maison de la communauté de communes, on a dépensé des dizaines de milliers d’euros pour ce monsieur”, précise le président de la communauté de communes.  

Des efforts engagés par la commune… alors que le jeune généraliste ne s’installera finalement pas dans le cabinet. Le Dauphiné libéré explique qu’un élu aurait découvert sur Doctolib qu’un médecin, du même nom, aurait "posé une plaque à Meximieux, dans l’Ain, à près d’une heure de route des Avenières-Veyrins,Thuellin”, sans prévenir quiconque. Pourtant, le département rappelle que la convention l’oblige à remplacer et à s’installer dans l’une des communes sous-dotées de l’Isère, pendant au moins 570 jours.  

 

Le médecin se défend 

De son côté, le médecin invoque un refus de l’Ordre de lui accorder son installation en Isère. Le praticien aurait, en effet, proposé de travailler deux jours et demi par semaine dans le cabinet. “Ce médecin nous disait qu’il venait pour dépanner, pas pour s’installer. Il voulait travailler deux jours et demi par semaine, c’est insuffisant pour faire de la médecine générale, de la vraie médecine de famille”, estime le président du CDOM.  

Le MG promet qu’il “tient à respecter son engagement moral avec les élus”. “J’ai saisi à nouveau le Conseil de l’Ordre pour proposer une installation avec huit demi-journées par semaine, avec des remplaçants qui combleront les absences. J’ai plusieurs pistes pour honorer mon engagement. J’attends le feu vert de l’Ordre. Si je dois rembourser la bourse, je prendrai un crédit. Il n’y a pas de problème”, a-t-il affirmé à nos confrères.  

Par ailleurs, le jeune généraliste aurait également bénéficié, en plus de la bourse départementale, d’un contrat d’engagement de service public, lui permettant de toucher 1.200 euros brut mensuels contre autant d'années d’installation en désert médical.  

Le 29 avril, le département de l’Isère a demandé lors d’une commission permanente, le remboursement de la bourse d’étude de 56.000 euros pour “non-respect de la convention”.  

[avec le Dauphiné Libéré]  

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