C’est la première fois que l’ensemble des syndicats de médecins libéraux (Avenir Spé, la CSMF, la FMF, Le Bloc, MG France, le SML et l’UFML-S) s’unissent pour s’adresser directement à la population française. "Cette décision est motivée par les difficultés que vous rencontrez pour accéder aux soins dans certains territoires et l’impossibilité d’y apporter des solutions pérennes à court terme", écrivent-ils aux Français dans une lettre ouverte diffusée en masse ce mardi. "La crise des urgences, cumulée à celle des vocations, vient aggraver la situation et nous impose de réagir rapidement, même par des mesures temporaires. Cet état de fait est l’héritage des politiques publiques qui, depuis 40 ans, ont conduit à réduire le nombre de médecins en formation et entrainé un manque d’attractivité du métier de soignant", expliquent-ils, alors que les Français se sentent de plus en plus démunis face aux fermetures en cascade de services hospitaliers. "Depuis une dizaine d'années, le nombre de médecins formés certes augmente, mais cela ne suffit pas pour faire face à une demande de soins croissante et de plus en plus complexe", déplorent les représentants des syndicats représentatifs, qui ajoutent que "les médecins libéraux sont de plus en plus sollicités et beaucoup ont délaissé leur vie privée pour répondre à la population". En moyenne, rappellent-ils, les praticiens de ville travaillent 54 heures par semaine. Alors que le chiffon rouge de l’obligation de garde est de nouveau vigoureusement agité par des politiques ou acteurs de la santé pour répondre aux demandes de soins auxquelles les urgences ne peuvent plus répondre, les libéraux se défendent de ne pas faire leur part : "Être médecin libéral, c’est participer à la permanence des soins en ambulatoire. Les périodes nuit de -20h à minuit- sont assurées dans 95% des territoires et le week-end pour 96% d’entre eux. Être médecin libéral, c’est reprendre son activité habituelle au lendemain de sa garde de régulation ou de son astreinte sans aucun repos compensateur."
Ils ajoutent : "Être médecin libéral, c’est assurer plus de 85% des consultations quotidiennes, 60% de l’activité chirurgicale, 80% de la radiologie. Être médecin libéral, c’est assurer plus des 2/3 des activités médico-techniques". "Notre investissement collectif représente 12% du produit intérieur brut (PIB). Malgré cela, notre système de santé va mal. Les soignants sont épuisés", en ville comme à l’hôpital, constatent-ils, amers. Non à l’obligation de garde et d’installation Si l’hôpital est aujourd’hui en grande souffrance, et les tensions particulièrement vives dans les structures privées, "la médecine libérale, bien moins accompagnée dans le cadre de la crise Covid, n’est pas épargnée. Elle est aussi en très grande tension en raison d’une démographie en baisse", expliquent les Drs Patrick Gasser, Franck Devulder, Corinne Le Sauder, Philippe Cuq, Jacques Battistoni, Philippe Vermesch et Jérôme Marty aux citoyens.
Ils dénoncent les propos de Frédéric Valletoux, qui a réitéré à maintes reprises son souhait de rétablir l’obligation de gardes et déploré le faible pourcentage de libéraux inscrits sur une ligne de garde. "Vouloir, comme le fait le Président de la Fédération hospitalière de France, laisser croire que la responsabilité des difficultés d’accès aux soins est le fait de vos médecins libéraux est faux et irresponsable", taclent-ils. "C’est aussi, par ces affirmations, montrer toute sa méconnaissance du fonctionnement de la médecine de ville et de son financement." Les syndicalistes ont également tenu à rappeler aux citoyens qu’imposer des installations "dans des territoires où les services ont disparu (écoles, crèche, commerces) est une illusion qui ne ferait que réduire encore l’attractivité d’un secteur qui en manque cruellement". "L’installation d’un médecin libéral ne se conçoit pas sans une politique globale d’aménagement du territoire", plaident-ils. Ils appellent de leurs vœux à "définir un nouveau contrat social", qui ne concernerait pas que la médecine libérale. Alors que certains prédisent un été catastrophique, les libéraux – qui ont entamé un dialogue avec leurs confrères hospitaliers – réclament des décisions urgentes "dès cet été" afin de répondre à la crise des urgences. "Des réformes importantes doivent être menées pour redonner à la médecine française son agilité permettant à chacune et à chacun d’entre nous une prise en charge médicale basée sur la liberté de choix du médecin, une meilleure accessibilité, une qualité des soins et une politique de prévention beaucoup plus active." "Nous appelons le Président de la République et son Gouvernement à nous donner et à vous donner les moyens d’avoir une médecine du XXIème à la hauteur des enjeux et de vos besoins", concluent-ils.
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