
Formations "express" en dermatologie : "Un généraliste ne pourra jamais atteindre le degré d'expertise" d'un dermatologue, alerte le syndicat de la spécialité
Se former à la dermatologie en un an, voire en 70 heures ? Pour le Syndicat national des dermatologues-vénérologues, ces formations express dédiées aux médecins généralistes ne sont pas la "solution miracle" à la pénurie de spécialistes.

"Une formation à la dermatologie de quelques heures, à destination des médecins généralistes, ne peut remplacer la formation du cursus universitaire des futurs dermatologues", interpelle le Syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV) dans un récent communiqué.
Alors que la spécialité "connaît une pénurie inquiétante", "qui s'explique notamment par une politique d'absence d'augmentation du nombre de postes d'internes", les formations "express" en dermatologie ne sont pas la solution, estime le syndicat, qui alerte sur le risque d'une "prise en charge en mode dégradé". "Il est proposé aux médecins généralistes des formations universitaires accélérées d’un an en dermatologie et parfois même, par certaines plateformes, des modules express de 70 heures. Certains d’entre eux se trouvent ainsi référencés sur des plateformes de rendez-vous grâce à des mots-clefs, comme dermatologue, lors des recherches effectuées par les patients", pointe ainsi le syndicat.
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
Des formations insuffisantes
Si le SNDV ne remet pas en cause "les compétences des médecins généralistes", il questionne "le bien-fondé d’un diplôme universitaire en dermatologie, de quelques heures, proposé aux médecins généralistes alors que les dermatologues suivent eux une formation de 4 ans en dermatologie", qui "doit évoluer en 5 ans". "Un médecin généraliste, aussi bien formé qu’il soit, ne pourra atteindre le degré d’expertise d’un dermatologue dont la spécialité est son quotidien", appuie le syndicat. C'est pourquoi, le SNDV "reste critique sur cette alternative provisoire qui pourrait dégrader le parcours de soin du patient et qui ne contribuerait pas à assurer une dermatologie de qualité", met en garde le Dr Luc Sulimovic, président du syndicat.
Pour faire face à la pénurie, le syndicat mise sur le développement des équipes de soins spécialisées* et sur la téléexpertise. "Les médecins généralistes peuvent solliciter l’avis d’un dermatologue libéral par téléexpertise pour un diagnostic ou un avis sur une prise en charge en onco-dermatologie et des maladies chroniques inflammatoires", met en avant le SNDV. "A titre d’exemple, la prise en charge d’un mélanome est de 8 jours" au sein de l'équipe de soins spécialisés en dermatologie francilienne.
*Cinq ont été créées, en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France, en Bretagne, en Corse et Centre-Val-de-Loire
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