Crédit : Marguerite Cazeneuve
La numéro 2 de la Cnam en tournée avec une infirmière libérale : "l'Assurance maladie sait ce qu'elle vous doit"
Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), a suivi Janis, infirmière libérale, en tournée chez ses patients durant une journée entière. Une initiative saluée par la communauté de soignants sur les réseaux sociaux.
Crédit : Marguerite Cazeneuve
"Bravo pour cette immersion", "merci pour cette mise en avant des Idel"… Durant une journée complète – de 6h30 à 20h30, Marguerite Cazeneuve, bras droit du directeur général de la Cnam, a suivi Janis Francazal, infirmière libérale, en tournée. "L'une des 100 000 infirmières de France. Profession féminine à 82%, qui détient le record du temps de travail." Une initiative unanimement saluée par les professionnels de santé sur LinkedIn, où Marguerite Cazeneuve a fait le récit de cette rencontre.
Ensemble, la fonctionnaire et l'infirmière libérale ont effectué une trentaine de visites. "En plein été, personne pour la remplacer ; elle va donc enchaîner à ce rythme 9 journées d'affilée", écrit Marguerite Cazeneuve. "Pendant ces périodes caniculaires, les infirmières libérales sont les dernières sur le terrain à se rendre chez les gens, qui crèvent de chaleur, de solitude et de déshydratation", souligne la numéro 2 de la Cnam, qui ne cache pas son admiration.
La directrice déléguée revient sur trois visites chez des patients dépendants qui l'ont marquée. "Mme B. La cinquantaine, victime d'un accident domestique : mains, cuisses, pieds brûlés au dernier degré. Incapacité physique définitive et douleur lancinante irréversible. Janis vient chaque jour. À les voir, on dirait des amies. Janis a remué ciel et terre pour que la maison de sa patiente soit aménagée, pour lui trouver des sous-vêtements supportables, etc.", raconte Marguerite Cazeneuve.
Et d'ajouter : "Lorsque nous sommes entrées, Janis a compris au premier regard que c'était un mauvais jour. La douleur, aujourd'hui, est à la limite du supportable. Et Janis est la seule à savoir l'apaiser : c'est leur combat quotidien. Quand Mme B. a un problème (10 fois/jour), elle appelle son fils. Puis Janis, qui est son phare dans cette longue nuit de souffrance."
Le métier d'infirmière libérale, c'est aussi un "effort physique intense". "Janis ressent déjà les séquelles de ces activités répétées", observe Marguerite Cazeneuve, qui s'est rendue avec elle chez une patiente en obésité morbide et souffrant de démence, âgée de 75 ans. C'est aussi gérer tout un tas de paperasse, en l'occurrence "tous les dossiers administratifs" d'une mère et de son fils, atteint d'une sclérose en plaque, qui vivent "dans une grande précarité".
"À toutes les Janis : l'Assurance maladie sait ce qu'elle vous doit", salue la numéro 2 de la Caisse. Celle-ci indique avoir engagé des travaux "importants" en faveur de la profession avec les trois syndicats représentatifs : d'abord sur la limitation des indus – une première circulaire devrait intervenir "en septembre", puis sur l'infirmier référent et l'élargissement des compétences (frottis et dépistage du cancer colorectal), sur le BSI et la nomenclature ; ou encore sur la lutte contre le gaspillage – la Cnam propose de limiter à 1 semaine la délivrance de pansements.
"La profession attends des faits, pas des applaudissements"
Les attentes des infirmières libérales sont grandes, et ces dernières l'ont rappelé à Marguerite Cazeneuve. "Chère Marguerite Cazeneuve, l'immersion est une première étape courageuse et louable, toutefois la reconnaissance du savoir, de l'expertise, de l'apport de la discipline infirmière à la population reste un sujet majeur, car les reconversions sont nombreuses et ce en dépit de l'augmentation des places en Ifsi", a ainsi commenté Emmanuel Hardy, chef de file des IPA.
"Merci pour ce post mais nous attendons une revalorisation, la mise en lumière ne paye pas les charges ! La profession attend des faits pas des applaudissements, nous savons que nous faisons un travail extraordinaire, et pour prendre soin de nous il faut passer par les cases revalorisation financière, autonomie, re ingénierie….", écrit également une Idel.
"Il est essentiel aujourd’hui de reconnaître la pénibilité de cette profession en envisageant des mesures telles qu'une retraite anticipée, une compensation adéquate face à l'inflation, ainsi que des forfaits suffisants pour les patients à besoins lourds", abonde Corinne Michelena Innocenti, administratrice nationale d'Infirmiers libéraux en colère. Cet hiver, le collectif a initié plusieurs actions dans l'Hexagone pour faire entendre le mal-être de la profession.
Plusieurs médecins généralistes ont également invité Marguerite Cazeneuve à venir dans leur cabinet, à l'instar du Dr Jean-Paul Hamon, président d'honneur de la FMF, ou de la Dre Mélanie Rica-Henry, présidente de Médecins pour demain.
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