Soupçonné d’avoir utilisé une centaine de patients comme "cobayes", un chirurgien suspendu

05/02/2021 Par Louise Claereboudt
Faits divers / Justice
Selon les informations de RTL, un chirurgien du dos de l’hôpital de Gap (Hautes-Alpes) soupçonné d'avoir expérimenté sur ses patients une nouvelle technique en dehors de tout cadre légal a été suspendu pour une durée d’au moins six mois.

    "Je suis victime d'une campagne de désinformation assez odieuse et je trouve ça scandaleux", a témoigné au micro de RTL ce chirurgien de l’hôpital de Gap (Hautes-Alpes) qui vient d'être suspendu au moins six mois par le Centre national de gestion (CNG) des praticiens hospitaliers. Le médecin spécialiste du dos est accusé d’avoir utilisé entre 2015 et 2017 la technique de la cimentoplastie discale, qui consiste à injecter du ciment dans les disques de la colonne pour les renforcer. Une technique non autorisée par les autorités médicales françaises : seule la cimentoplastie vertébrale est autorisée. Après l’alerte d’un autre médecin de l’hôpital, prévenant le directeur de l’hôpital, l'ARS, le conseil de l'Ordre et le procureur, une expertise avait été menée par deux professeurs de médecine de Nancy, missionnés par l’ARS. Ces derniers avaient alors formulé un rapport accablant, dans lequel ils indiquent que cette technique est bel et bien “non conforme aux données de la science chirurgicale au moment des faits”. Ils estiment que le médecin aurait dû “demander l’avis d’un comité d'éthique ou d'un comité de protection des personnes”. Plusieurs patients ayant été opérés affirment aujourd’hui ne pas avoir été prévenus par le chirurgien de la technique utilisée. “Depuis l'opération, j'ai beaucoup de douleurs. J'ai du mal à marcher. J'ai même été reconnu comme travailleur handicapé à 80%. J'ai dû être réopéré pour que l'on me retire le ciment qui a débordé. Mais aujourd'hui, il en reste encore”, témoignait l’un d’eux en octobre dernier. Selon RTL, 6 patients ont déjà porté plainte, “mais il serait déjà 12 dans une association regroupant les victimes présumées”.

Le médecin suspendu dénonce pour sa part une campagne diffamatoire à son encontre. “Il s'agit d'une technique chirurgicale parfaitement connue, utilisée en France", s'est-il défendu au micro de la radio, indiquant que d’autres médecins hospitaliers d’autres régions avaient eux aussi utilisé cette technique, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière par exemple. Des professionnels de santé de l’hôpital ont lancé, suite à l’annonce de sa suspension, une pétition pour demander sa réintégration. “Praticien reconnu par ses pairs, il est le seul spécialiste hospitalier du rachis de notre territoire. Cette suspension entraîne une perte de chance pour les patients et en particulier pour la traumatologie et les urgences”, écrivent-ils. [avec RTL]

Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?

M A G

M A G

Non

Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus

0 commentaire
2 débatteurs en ligne2 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête
Soirées d'intégration en médecine : le bizutage a-t-il vraiment disparu ?
02/10/2024
2
Concours pluripro
Maisons de santé
Objectif 4000 maisons de santé : les enjeux des prochaines négociations conventionnelles
07/11/2024
2
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
5
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2