Soupçonné d’avoir utilisé une centaine de patients comme "cobayes", un chirurgien suspendu
"Je suis victime d'une campagne de désinformation assez odieuse et je trouve ça scandaleux", a témoigné au micro de RTL ce chirurgien de l’hôpital de Gap (Hautes-Alpes) qui vient d'être suspendu au moins six mois par le Centre national de gestion (CNG) des praticiens hospitaliers. Le médecin spécialiste du dos est accusé d’avoir utilisé entre 2015 et 2017 la technique de la cimentoplastie discale, qui consiste à injecter du ciment dans les disques de la colonne pour les renforcer. Une technique non autorisée par les autorités médicales françaises : seule la cimentoplastie vertébrale est autorisée. Après l’alerte d’un autre médecin de l’hôpital, prévenant le directeur de l’hôpital, l'ARS, le conseil de l'Ordre et le procureur, une expertise avait été menée par deux professeurs de médecine de Nancy, missionnés par l’ARS. Ces derniers avaient alors formulé un rapport accablant, dans lequel ils indiquent que cette technique est bel et bien “non conforme aux données de la science chirurgicale au moment des faits”. Ils estiment que le médecin aurait dû “demander l’avis d’un comité d'éthique ou d'un comité de protection des personnes”. Plusieurs patients ayant été opérés affirment aujourd’hui ne pas avoir été prévenus par le chirurgien de la technique utilisée. “Depuis l'opération, j'ai beaucoup de douleurs. J'ai du mal à marcher. J'ai même été reconnu comme travailleur handicapé à 80%. J'ai dû être réopéré pour que l'on me retire le ciment qui a débordé. Mais aujourd'hui, il en reste encore”, témoignait l’un d’eux en octobre dernier. Selon RTL, 6 patients ont déjà porté plainte, “mais il serait déjà 12 dans une association regroupant les victimes présumées”.
Le médecin suspendu dénonce pour sa part une campagne diffamatoire à son encontre. “Il s'agit d'une technique chirurgicale parfaitement connue, utilisée en France", s'est-il défendu au micro de la radio, indiquant que d’autres médecins hospitaliers d’autres régions avaient eux aussi utilisé cette technique, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière par exemple. Des professionnels de santé de l’hôpital ont lancé, suite à l’annonce de sa suspension, une pétition pour demander sa réintégration. “Praticien reconnu par ses pairs, il est le seul spécialiste hospitalier du rachis de notre territoire. Cette suspension entraîne une perte de chance pour les patients et en particulier pour la traumatologie et les urgences”, écrivent-ils. [avec RTL]
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