Les 32 CHU français ont atteint un déficit cumulé de 1,2 milliard d'euros fin 2023. C'est trois fois plus qu'en 2022 alertent, ce lundi 29 janvier, les instances représentatives des directeurs, doyens et médecins. Selon les présidents des conférences des directeurs généraux de CHU, des doyens de facultés de médecine et des présidents de commission médicale d'établissement, ces chiffres montrent à quel point "la dégradation a été profonde et rapide" après le déficit de 402 millions d'euros enregistré fin 2022.
Dans un communiqué, ils précisent que "la capacité d'autofinancement des CHU, et par conséquent d'investissement, a chuté de 86%". Ces difficultés sont "peut-être les plus graves depuis la création des CHU en 1958", prolongent-ils.
Concernant les raisons de cette dégradation, les présidents identifient "plusieurs facteurs externes". Parmi eux, l'explosion des dépenses en raison de l'inflation - avec un reste à charge pour les CHU de 585 millions d'euros en 2023 -, le manque de financement des mesures du Ségur de la santé et la baisse des recettes due aux fermetures de lits après l'épidémie de Covid-19.
Depuis peu, les CHU ressentaient "un léger mieux en termes d'absentéisme", malgré un "turn-over toujours important chez les infirmiers", soulignent-ils, dans leur communiqué. "Même si on a pu rouvrir des lits ces derniers mois, plusieurs secteurs sont en grande difficulté, comme la gériatrie, la pédiatrie ou la psychiatrie", prolonge le Pr Rémi Salomon, président de la conférence des PCME de CHU.
Un courrier adressé à Gabriel Attal
Par ailleurs, la situation actuelle va entraîner "un allongement des délais de paiement des fournisseurs et une fragilisation profonde des opérations d'investissement Ségur, dans un moment où le recours à l'emprunt est plus difficile et plus coûteux", développent les présidents : "A court terme, il est encore temps d'éviter le pire."
Dans ce contexte, ils appellent les pouvoirs publics à "compenser l'inflation" élevée de 2023, à "restituer aux hôpitaux publics" la part de l'Ondam réservée aux hôpitaux mais qui n'a pas été objectivement consommée – qu'ils estiment à 800 millions d'euros – et réclament une "stratégie de financement à long terme". Dans un courrier adressé au Premier ministre, Gabriel Attal, de nombreux maires de grandes villes dont Anne Hidalgo (Paris), Grégory Doucet (Lyon), Pierre Hurmic (Bordeaux) ou Martine Aubry (Lille), qui sont également présidents des conseils de surveillance des CHU de leurs communes, ont demandé, ce lundi 29 janvier, un "rendez-vous" pour pouvoir "présenter des propositions" au Gouvernement. Plus largement, les hôpitaux publics, tous établissements confondus - des CHU au petit hôpital de proximité - réclament au Gouvernement 1,8 milliard d'euros de financement supplémentaire pour 2023, dont 1,1 milliard au titre de l'inflation, d'après des chiffres diffusés par la Fédération hospitalière de France (FHF).
[avec AFP]
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