"Plus on travaille, plus on perd de l’argent" : Alerte sur le déficit record des hôpitaux privés
C’est un appel à l’aide que lance Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), ce mardi 20 février, dans une interview donnée à nos confrères du Monde. Il indique que “40% de nos cliniques et hôpitaux privés se retrouvent en déficit, pour 670 millions d’euros”. Selon le président de la FHP, c’est “du jamais-vu”, car les années précédentes, “25%” des établissements privés étaient concernés. “Si rien ne change, la moitié de nos 1 030 établissements” seront touchés, représentant “19 milliards de budget”. “Les répercussions sont déjà là”, estime-t-il. Si le secteur de la chirurgie semble “rester à l’équilibre”, “les urgences”, “l’obstétrique” et la “psychiatrie” semblent plus concernés par des “fermetures, des diminutions d’activité ou des blocages de toutes extensions”. Alors que le ministère de la Santé a annoncé vendredi dernier une aide exceptionnelle de 500 millions d’euros pour l’hôpital, Lamine Gharbi indique que ça ne peut être qu’une “première étape, car c’est bien en deçà des besoins”. “Nous demandons au minimum que [l’Etat] ‘solde’ l’inflation 2023, qui est la cause de nos difficultés”, explique-t-il. Avec la Fédération hospitalière de France (FHF), le président de la FHP a évalué une “enveloppe nécessaire” de “1,5 milliard d’euros”.
"400 millions d’euros de ‘surexécution’ budgétaire" Le secteur privé a pourtant réalisé plus d'activités que prévu par l’Ondam en 2023, avec “400 millions d’euros de ‘surexécution’ budgétaire”. Lamine Gharbi l’explique par la prise en charge de “patients qui en avaient besoin, de patients que le public ne pouvait pas soigner”. “Nous avons joué notre rôle de complémentarité. Mais nous sommes pénalisés”, reconnaît-il. Car à cause de l’inflation, ces bénéfices “ne couvrent absolument pas nos charges”. Conclusion : “Plus on travaille, plus on perd de l’argent, c’est un effet ciseaux inacceptable !” Le président de la FHP réclame alors “une campagne tarifaire à la hauteur des véritables coûts pour nos établissements”. Interrogé sur une éventuelle meilleure rentabilité que le secteur public, Lamine Gharbi a déclaré : “Il faut arrêter ces fantasmes [...] Si nous étions si malins, et que nous sélectionnions nos patients et les pathologies les plus rentables, pourquoi serions-nous en déficit ?” Pour ouvrir des services d’urgences ou des lits de réanimation supplémentaires, les cliniques et hôpitaux privés doivent attendre des autorisations données par l’Etat. “[On] nous les refuse”, pointe le président de la FHP.
Le président de la FHP dénonce également une “dichotomie de traitement entre privé et public”, qu’”il faut arrêter”. “On nous reproche de ne pas assez participer [à la permanence de soins], mais les médecins ne travaillent pas bénévolement, non ? Pourtant, dans nos cliniques, elle n’est pas financée. Ce sont les ARS qui décident des ‘lignes de garde’ qu’elles rémunèrent”. Il estime également que “l’Etat a préféré jusqu’ici choisir le public”. Nos professionnels travaillent la nuit aussi, mais ils n’ont pas eu droit aux revalorisations annoncées par le Gouvernement cet été, pourquoi ?”, demande le président de la FHP Si en 2023, les cliniques et hôpitaux privés ont tout de même réussi à réaliser une marge “de l’ordre de 1 à 2%”, Lamine Gharbi estime que ce n’est pas suffisant pour augmenter le personnel ni pour faire face au déficit. “Tous les économistes le disent : pour pouvoir investir, produire des bâtiments de qualité, innover… il faudrait au moins se situer à 3%. Notre capacité d’investissement n’a cessé de diminuer, et nous arrivons au bout du bout”, alerte-t-il. [Avec Le Monde]
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