Plus de 1000 médecins du privé réclament une équité de traitement avec leurs confrères du public
"Les hôpitaux privés, en couvrant plus de 80% de la population, constituent un acteur à part entière du service public de santé, aux côtés des hôpitaux publics. Et pourtant, notre rôle dans l’offre de santé en France, dans tous les territoires et pour tous les patients, est aujourd’hui sous-estimé par les pouvoirs publics et trop souvent caricaturé", déplorent les 127 présidents de CME (Commission médicale d'établissement) et 1 018 médecins signataires de cette lettre ouverte, publiée lundi 23 octobre dans le Figaro.
S’adressant à la Première ministre, Elisabeth Borne, ces anesthésistes, oncologues, chirurgiens de toutes spécialités, urgentistes, médecins en soins palliatifs ou encore obstétriciens rappellent qu’ils sont "fiers" de travailler dans les 1 000 hôpitaux privés qui constituent à leur yeux "un maillon indispensable de l’offre de soins". "Nous réalisons plus de la moitié de la chirurgie en France, 40% de la chirurgie du cancer, plus du tiers des chimiothérapies, plus de 20% des soins palliatifs", écrivent-ils.
Et d’ajouter : "Nous sommes présents à toutes les étapes du parcours de soins, de la prévention à l’hospitalisation à domicile, et sommes particulièrement engagés dans la prise en charge des pathologies chroniques : 40% des patients qui en souffrent sont désormais pris en charge dans les établissements privés", font-ils valoir.
En outre, "nous sommes des acteurs investis au quotidien dans la permanence des soins et la prise en charge des urgences. […] Nous sommes de garde la nuit, le dimanche, les jours fériés, et assurons la prise en charge d’urgence de 3 millions de patients chaque année", poursuivent les signataires.
Ces derniers assurent par ailleurs endosser un rôle dans l’accès aux soins de tous les Français, soulignant que "la moitié des médecins du secteur hospitalier privé ne pratiquent pas de dépassement d’honoraire" et que "20%" des patients bénéficiant de la CMU ou de l’AME sont "pris en charge dans les établissements privés".
"Nous voulons vous rappeler toutes ces évidences de manière forte parce qu’aujourd’hui […] nous avons le sentiment que la tentation des pouvoirs publics de multiplier les différences de traitement entre le public et le privé n’a jamais été aussi grande, et avec l’idée qu’au fond, nous autres, les médecins exerçant dans les hôpitaux privés, nous ne concourons pas de la même manière au service public de santé", regrettent-ils, amèrement.
Ces derniers font en effet part de leur incompréhension à plusieurs égards. "Nous ne comprenons pas pourquoi les personnels soignants des établissements privés avec lesquels nous travaillons tous les jours sont laissés à l’écart des mesures de revalorisation salariale" s’appliquant à leurs confrères du public, et ce alors "qu’ils sont déjà moins rémunérés". Aussi, "nous ne comprenons pas pourquoi, quand nous faisons de la permanence des soins, il est si difficile d’obtenir la juste rémunération pour les heures de nuit, du dimanche et des jours".
"Nous sommes des médecins, nous ne sommes pas des gestionnaires, tiennent-ils à rappeler à la cheffe du Gouvernement. Mais nous savons que ce qui est en jeu aujourd’hui, derrière des décisions d’apparence technique et budgétaire, c’est notre capacité à continuer d’assurer notre mission d’acteurs essentiels de la santé dans l’ensemble des régions de France."
[avec Le Figaro]
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