
Victime de "représailles" après avoir alerté sur des enfermements abusifs, un psychiatre réhabilité
Le Dr Mathieu Bellahsen, psychiatre, avait été démis de ses fonctions de chef de pôle dans un hôpital du Val d'Oise après avoir alerté sur l'enfermement abusif de patients pendant la pandémie. Il vient d'être "rétabli dans ses droits" par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise.

"La décision [de la direction de l'hôpital, NDLR] (...) revêt le caractère d'une sanction disciplinaire déguisée", a conclu le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, le 13 février. En mai 2020, en plein confinement lié à la pandémie de Covid-19, le Dr Mathieu Bellahsen avait alerté la Contrôleure générale des lieux de privations de liberté (CGLPL) à propos de l'enfermement subi par les patients de son service de l'hôpital Roger-Prévot.
Après une visite des lieux, une recommandation urgente avait été envoyée par la CGLPL à la direction de l'hôpital puis publiée au Journal officiel, niveau d'alerte le plus élevé pour cette autorité administrative indépendante. "Des violations graves des droits des personnes privées de liberté ont été constatées. (...) Des patients ont été enfermés à clé 24h sur 24 sans que leur état clinique psychiatrique le justifie, (...) dans des espaces dangereux", affirmait la CGLPL.
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
Les enfermements étaient présentés par la direction de l'hôpital comme des mesures sanitaires en pleine pandémie mais la CGLPL a fustigé une "confusion absolue entre les notions de 'confinement sanitaire' et d''isolement psychiatrique'".
Les enfermements ont pris fin peu de temps après cette recommandation mais quelques mois plus tard, en 2021, Mathieu Bellahsen s'est vu retirer la direction de son pôle, au terme d'une enquête interne mettant en avant "l'intérêt du service". "C'était d'une brutalité sans nom", se remémore le psychiatre, interrogé par l'AFP. Il avait alors saisi la Défenseure des droits, Claire Hédon. Cette dernière a estimé que le psychiatre avait "fait l'objet de représailles après avoir lancé une alerte dans les conditions prévues par la loi", dans un avis rendu le 7 juin et consulté par l'AFP.
Hélène Lecat, l'avocate du praticien, s'est réjouie de voir son client "rétabli dans ses droits", alors "qu'il avait effectué une dénonciation légitime" et "respecté son serment d'Hippocrate".
L'hôpital, qui n'a pas souhaité commenter, a fait appel.
[Avec AFP]
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