Accès direct : l’Ordre des kinés défend "l’intérêt supérieur du patient" face aux blocages "corporatistes" des médecins
Suite à la prise de position, sur le site d’Egora, de l’Ordre des médecins contre l’accès direct aux kinésithérapeutes, le Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes a tenu à réagir. Dans un communiqué, le Cnomk salue, à l’inverse du Cnom, les propositions d’amendements au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, faisant valoir “des avancées pour notre système de santé et pour les Français”.
“Nous saluons les propositions qu’il contient notamment des mesures simples et peu coûteuses visant à conférer à certaines professions paramédicales quelques champs d’intervention complémentaires dans le cadre d’expérimentations entrant déjà dans la réalité de l’exercice. Notamment un article qui expérimente l’accès direct des patients aux kinésithérapeutes, sous conditions.”
L’instance rappelle ainsi que “chaque jour déjà, ce sont des milliers de patients qui bénéficient de cette facilité dans leur parcours de soin” : comme dans le cadre de l’urgence en l’absence d’un médecin ou en l’absence de renouvellement de la prescription initiale - par manque de temps ou d’occasion du médecin - pour des soins indispensables à la santé des patients, par exemple.
“Une première réponse forte à la désertification sanitaire”
Le Cnomk estime que ces mesures “permettront d’agir efficacement contre les déserts médicaux, en faisant confiance aux professionnels de santé”. “Cette expérimentation de l’accès direct au kinésithérapeute, limitée à 6 départements sur 101, dans le cadre d’une structure d’exercice coordonné, est une première réponse forte à la problématique de désertification sanitaire et permettra d’économiser du temps médical.”
À la lumière de ces éléments, l’instance déplore “des levées de boucliers médicaux”. “À ceux qui craindraient une perte de chance pour les patients, nous demandons où est le risque ?, interroge le Cnomk. Dans le cadre d’un exercice coordonné avec compte-rendu au médecin, c’est la sécurité du patient qui est renforcée, c’est une prise en charge rapide qui est assurée avec des professionnels compétents qui travaillent en équipe.”
“Si perte de chance il y a aujourd’hui, c’est en raison des retards de prise en charge, d’errance thérapeutique imposée à des patients confrontés à des délais de rendez-vous trop longs, assure-t-il. Nous ne pouvons laisser s’aggraver davantage l’accès aux soins en France pour satisfaire des intérêts corporatistes éloignés des besoins essentiels des patients, alors qu’il existe des solutions concrètes, partagées et plébiscitées largement par les professionnels de santé de terrain”.
“Si l’on veut prendre à bras le corps la question des déserts médicaux, il faut entendre la voix des patients : il faut s’appuyer sur les professionnels, dont les kinésithérapeutes, qui ont accepté de renoncer à leur liberté de conventionnement et sont répartis sur le territoire, déclare Pascale Mathieu, la présidente du conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes. Ils sont une partie de la solution. Faisons-leur confiance !”
Mercredi 3 novembre, les sénateurs ont ajouté plusieurs centaines d’amendements au PLFSS pour 2022 visant à mieux encadrer les transferts de compétence votés par l’Assemblée nationale quelques jours plus tôt, en réponse aux levées de boucliers des organisations de médecins. Ainsi concernant l’accès direct aux kinés, ils ont souhaité encadrer l’expérimentation dans six départements via une structure d’exercice coordonné. Le PLFSS sera examiné par la chambre haute à partir du 8 novembre.
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