Ils attendent "une relation de confiance" et des "mesures concrètes" : les médecins réagissent à la nomination de Darrieussecq
La nomination de la députée centriste Geneviève Darrieussecq à la tête du ministère de la Santé et de l'Accès aux soins n'a pas manqué de faire réagir les représentants des médecins. Ils pointent la lourde tâche qui attend l'allergologue de profession et demandent des mesures concrètes en faveur du système de santé.
Deux semaines après son arrivée à Matignon, Michel Barnier a officiellement présenté son nouveau Gouvernement samedi 21 septembre. Une nouvelle équipe composée de 39 ministres et secrétaires d'Etat. Parmi eux, la députée Modem, Geneviève Darrieussecq, a été nommée ministre de la Santé et de l'Accès aux soins. L'allergologue de profession, âgée 68 ans, remplace Frédéric Valletoux, resté sept mois à l'avenue de Ségur.
Sur le réseau social X, Geneviève Darrieussecq a remercié Michel Barnier et Emmanuel Macron "pour leur confiance". "La santé est notre patrimoine le plus précieux, a-t-elle affirmé. C'est avec humilité, respect pour tous, bon sens, responsabilité collective et détermination que je souhaite travailler."
Je remercie @MichelBarnier et @EmmanuelMacron pour leur confiance.
La santé est notre patrimoine le plus précieux !
C’est avec humilité, respect pour tous, bon sens, responsabilité collective et détermination que je souhaite travailler.— Geneviève Darrieussecq (@gdarrieussecq) September 21, 2024
L'arrivée de la députée centriste des Landes au ministère de la Santé n'a pas manqué de faire réagir les médecins libéraux. Rappelant la "crise historique" à laquelle fait face le système de santé, l'UFML-S a demandé à rencontrer "au plus vite" la nouvelle ministre de la Santé et de l'Accès aux soins. "Rencontrez au plus vie la profession, sachez construire la relation de confiance que nous attentons, ne tombez pas dans les pièges tendus à vos prédécesseurs", a interpellé le syndicat dans un communiqué, appelant Geneviève Darrieussecq à ne pas se laisser "encadrer" ni "diriger". "Madame la ministre, l'UFML-S attend de vous, non pas la poursuite des chapitres précédents, mais bien l'ouverture d'une première page blanche que nous devrons écrire ensemble, ministère et professions de santé", a-t-il ajouté.
Le SML espère, de son côté, "que cette nomination permettra d'équilibrer les investissements entre l'hôpital public et la médecine de ville". Le Syndicat des médecins libéraux a "de nombreuses propositions concrètes pour améliorer l'accès aux soins, ceci implique de redonner une capacité d'investissement aux médecins par l'ouverture du secteur 2 et l'augmentation du tarif de base de la consultation au tarif moyen européen", a indiqué l'organisation dans un communiqué, assurant être "prêt à rencontrer" Geneviève Darrieussecq.
La CSMF salue, elle, la nomination d'un médecin à la tête de ce ministère, dont la nouvelle dénomination "témoigne de la volonté affichée d'améliorer l'accès aux soins" en France. "Passons maintenant des paroles aux actes !", lâche le syndicat, qui souhaite "une nouvelle dynamique en faveur de la médecine libérale" et de celle "spécialisée sur plateaux techniques lourds et en établissements". Il rappelle surtout sa volonté d'aller vers "une politique de santé ambitieuse où le médecin traitant, en lien avec les autres spécialités, doit être au centre [du] système de santé".
Les représentants des jeunes généralistes, ReAGJIR, ont également salué ce lundi 23 septembre la nomination de la nouvelle ministre de la Santé et de l'Accès aux soins. Alors que le budget de la Sécurité sociale pour 2025 doit être discuté dans les prochaines semaines et que plusieurs dossiers centraux sont en attendre d'un arbitrage – à commencer par les textes de la 4ème année de l'internat de médecine générale, le déploiement des guichets uniques départementaux d'accompagnement des professionnels de santé, la simplification administrative… - le syndicat exprime ses vives "inquiétudes".
"Nous attentons une feuille de route à long terme"
"Au-delà de ces échéances à court terme, nous attendons avant tout une feuille de route de long terme sur l'évolution du système de santé, a précisé le Dr Raphaël Dachicourt, à la tête de ReAGJIR. Il est temps qu’une réelle ligne directrice, construite avec les différents acteurs pour être cohérente et stable, soit enfin tracée pour planifier le virage préventif indispensable pour améliorer durablement la santé de la population."
Les spécialistes d'Avenir Spé se disent, eux, "soulagé[s] d'avoir enfin un ministre de la Santé et de l'Accès aux soins de plein exercice". "Il est plus que temps que la santé soit une véritable priorité des pouvoirs publics", a lancé ce lundi 23 septembre le syndicat, qui "sera attentif à la mise en œuvre d'une politique de santé qui se doit d'être volontaire, innovante, avec comme socles les valeurs d'équité et de qualité sur l'ensemble du territoire". "Mme la ministre, soyez-en consciente : les attentes du terrain sont fortes, le déficit est abyssal, la rénovation de notre système de santé, indispensable. Encore faut-il, pour y parvenir, rétablir la confiance des professionnels et redonner de l’attractivité à nos métiers", tonnent les représentants des médecins spécialistes.
"Des arbitrages budgétaires à la hauteur des enjeux"
De son côté, la FHF "se tient dès à présent prête à travailler avec les ministres nouvellement nommés" à la Santé, Geneviève Darrieussecq, et aux Solidarités, Paul Christophe, "pour mettre en œuvre les solutions nécessaires". "Seule une augmentation substantielle des financements et une restructuration de l’organisation des soins permettront une sortie pérenne de la crise actuelle", rappelle alors la fédération. Dans un communiqué, elle alerte sur le "déficit inquiétant" auquel fait face l'hôpital public et rappelle que celui-ci devrait "dépasser les 2 milliards d'euros en 2024".
"Dans l’immédiat, un soutien financier conséquent est attendu pour financer enfin l’hôpital et les EHPAD publics à hauteur des coûts qu’ils supportent. À moyen terme, il faudra engager les réformes que défend la FHF de longue date pour rendre notre système de santé plus efficient, en matière de pertinence des soins par exemple", a ainsi avancé son président, Arnaud Robinet.
A la FHP, on assure que Geneviève Darrieussecq pourra compter sur l'engagement de l'hospitalisation privée pour exercer. "[Sa] nomination doit permettre d’établir avec le ministère une relation nouvelle basée sur la confiance aux acteurs, quel que soit leur statut, et sur le principe d’une équité de traitement entre les secteurs public et privé", a réagi le président de la fédération, Lamine Gharbi. A l'approche du PLFSS pour 2025, "les arbitrages budgétaires doivent être à la hauteur des enjeux. Cela passe par une hausse importante de l’enveloppe financière allouée aux établissements de santé, publics comme privés", a-t-il ajouté.
De plus, le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi aux autres spécialités (SNPHARE) salue également le choix d'une ministre "ayant une culture mixte, hospitalière et libérale". L'organisation rappelle toutefois attendre "une clarification de la vision du Gouvernement pour l'hôpital public et pour le système de santé tout entier" ; "une loi de programmation Santé devient indispensable", lance-t-elle dans un communiqué. Le SNPHARE s'inquiète toutefois de la disparition du terme "prévention" dans l'intitulé du ministère et demande la "reprise immédiate des chantiers ouverts sous les mandatures [des ministres] Braun et Rousseau", dont ceux de la revalorisation de la grille d'émoluments des PH et de la permanence des soins.
Des "attentes fortes" au niveau de la formation
Actions Praticiens Hôpital estime, lui, que la "prévention" - qui n'apparaît plus dans la dénomination du ministère - "doit retrouver sa place au sein de ce ministère et être une priorité nationale". "La mission de promotion de la prévention est fondamentale. Elle doit disposer d'un financement indépendant pour être le levier d'une santé plus forte pour tous nos concitoyens, en les impliquant dès leur plus jeune âge", prévient APH.
Enfin, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a aussi tenu à réagir à cette nomination. Appelant la nouvelle ministre "à l'action", les apprentis médecins attendent de sa part "des mesures concrètes" afin de répondre à leurs besoins, portant notamment sur la mise en place des récentes réformes de la formation, sur la lutte contre la précarité et la santé mentale des étudiants. Des "attentes fortes" également formulées par l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), qui demande à la nouvelle ministre de ne pas oublier certains chantiers majeurs, à commencer par "la bonne mise en place de la 4ème année" de l'internat de médecine générale, mais aussi l'amélioration du statut des internes "en facilitant [notamment] la parentalité et en concrétisant les propositions déjà soumises au précédent ministre" sur ce sujet.
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