Aide active à mourir : "Il faut sortir de l’entre-soi médical", défend le Pr Jean-François Mattei
"On ne peut pas prendre de risques sur un sujet aussi grave que la mort", estime le Pr Jean-François Mattei, ancien ministre de la Santé (2002-2004) et ancien président du comité d’éthique de l’Académie de médecine, dans une interview pour Le Figaro. Alors qu’Agnès Firmin Le Bodo doit remettre au Président de la République une proposition de projet de loi sur l'aide active à mourir avant la fin de l’été, le Pr Mattei appelle à "sortir de l’entre-soi médical". "Dans certains cas précis de fin de vie, la demande de suicide peut se comprendre et devrait donner lieu à une concertation collégiale et pluridisciplinaire, avec plusieurs soignants, et surtout la participation d’un juge", considère-t-il. Si "le rôle des médecins serait d’examiner la légitimité médicale de la demande, de constater sa réitération dans un certain délai et de prescrire le médicament létal", "seul un juge peut vérifier et garantir qu’il n’y a pas d’emprise et qu’il s’agit d’un choix libre, réitéré, effectué par une personne en pleine conscience", assure le Pr Mattei. Ce dernier n’a pas souhaité voter l’avis de l’Académie de médecine pour la création d’un droit à l’assistance au suicide à titre exceptionnel. Car cet avis "n’a retenu l’intervention d’un magistrat spécialisé que pour trancher les cas d’incertitude, de conflit familial, ou de demande d’euthanasie pour les rares cas où le patient serait dans l’incapacité d’effectuer le geste létal. J’aurais aimé que l’avis aille plus loin", a-t-il confié. Pour l’ancien ministre de la Santé, "la présence d’un magistrat" apparaît "indispensable dans tous les cas". Comme pour "toute suspicion de maltraitance à enfant". Alors que la demande sociétale se heurte parfois à la pratique médicale, le Pr Mattei a tenu à souligner que l’avis de l’Académie de médecin n’était en aucun cas "un feu vert à l’aide active à mourir". "L’Académie de médecine a considéré l’assistance au suicide, avec un encadrement très strict, comme un ‘moindre mal’ dans la perspective de l’arrivée d’une loi sur l’aide active à mourir", a-t-il nuancé. Rappelant que : "l’aide active à mourir n’est pas un soin et ne peut pas le devenir." Il prévient par ailleurs : "l’instauration d’une exception d’euthanasie" est "une dérive qu’il faut absolument éviter". "Nous ne pouvons pas aller vers l’euthanasie si nous voulons conserver un modèle français de la fin de vie, qui priorise la protection de la personne sur l’autonomie", estime-t-il. Le Pr Mattei exprime toutefois des craintes : "Malheureusement, ce qui a toujours prévalu dans l’éthique à la française commence à être ébréché par la pensée postmoderne." L’ancien ministre rappelle qu’il est "essentiel que ce ne soit pas au médecin de donner la mort", comprenant les réticences de certains soignants vis-à-vis d’une évolution de la loi. Et d’ajouter "qu’aucune loi ne pourra régler toutes les situations particulières". [avec Le Figaro]
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