"L’aide active à mourir doit s’inscrire dans le champ du soin" : 90 soignants livrent leurs préconisations

07/09/2023 Par Louise Claereboudt
Ethique
Alors que la ministre Agnès Firmin Le Bodo doit remettre son projet de loi sur l’aide active à mourir au Président de République dans les tout prochains jours, un collectif de professionnels de santé avance des prérequis.

 

Que contiendra le projet de loi autorisant l’aide active à mourir, qui doit être rendu avant la fin de l’été - soit avant le 23 septembre - au chef de l’Etat ? Si des pistes ont déjà été évoquées par la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, certaines modalités restent à trancher.

Après avoir enchaîné les déplacements à l’étranger, la ministre s’attelle à mettre au point un "modèle français de la fin de vie", tel que souhaité par Emmanuel Macron. L’exécutif devrait s’orienter plutôt vers un "accès unique au suicide assisté", et écarter l’euthanasie, "limitant ainsi l’implication des professionnels de santé", déplorent 90 soignants dans une tribune publiée ce jeudi 7 septembre dans le Monde.

Ces professionnels de santé de terrain (médecins de soins palliatifs, gériatres, infirmières…) ont tenu à exprimer une "position différente". "Nous qui soignons des personnes malades sans espoir de guérison et dont les souffrances ne peuvent être apaisées dans le cadre législatif actuel estimons qu’il est de notre responsabilité de les accompagner dans leur demande d’aide active à mourir, qu’il s’agisse d’une demande de suicide assisté ou d’euthanasie", écrivent-ils. 

"Dès lors que la demande d’aide active à mourir nous apparaît comme étant le reflet d’une volonté libre et éclairée, nous estimons de notre responsabilité de leur garantir une assistance médicale jusqu’à l’acte final afin de leur permettre une mort digne et apaisée", poursuivent ces soignants, qui estiment que "l’aide active à mourir doit s’inscrire dans le champ du soin".  

S’il ne leur "appartient pas d’écrire la loi", ces professionnels auront à "l’appliquer demain". Ainsi, ils émettent des recommandations qui leur semblent "nécessaires pour engager [leur] responsabilité". "L’accès à l’aide active à mourir sur demande de la personne malade devrait être validé par deux médecins indépendants dont l’un spécialiste de la pathologie concernée, l’autre étant idéalement le médecin référent dans un parcours de soins donné." 

"Cette double évaluation devrait être effectuée dans une certaine temporalité destinée à s’assurer de la persistance de la demande mais aussi adaptée à une situation clinique pouvant être rapidement évolutive", estiment ces soignants de terrain. D’autres acteurs pourraient entrer en jeu via un "avis consultatif collégial" : l’équipe soignante "élargie" (infirmières, psychologues…) mais aussi "des représentants des sciences humaines, de la société civile". 

 

 

En outre, "un accès sur directives anticipées pour les personnes atteintes de maladies neurodégénératives et personnes en état de conscience minimal devrait être considéré". L’accès à l’aide active à mourir devrait par ailleurs être garanti "en ville comme à l’hôpital", "ce qui nécessite une coordination entre les différents acteurs du territoire".  

Ils demandent par ailleurs que soit prévue dans la loi une clause de conscience spécifique "pour tout professionnel de santé ne souhaitant pas être impliqué". Dans un entretien à Egora en avril dernier, Agnès Firmin Le Bodo avait indiqué n’avoir "aucun doute" sur la nécessité de la prévoir. "Une formation à la fin de vie incluant l’aide active à mourir devrait être préalable à l’entrée en vigueur de la loi et adressée à tous les professionnels de santé, dans ses aspects législatifs, éthiques et pratiques", écrivent les signataires de la tribune. Là encore, la ministre semble partager cet avis. 

Enfin, ces 90 soignants plaident pour la création d’un "registre national ou régional" regroupant "toutes les demandes", et "incluant la notification de tous les éléments cliniques pertinents, les personnes impliquées, les décisions prises et la traçabilité des actes effectués". Registre qui devrait être examiné "de façon trimestrielle" par une commission ad hoc. 

 

[avec Le Monde

Faut-il autoriser l'aide active à mourir en France ?

Olivier Cedric Royon

Olivier Cedric Royon

Non

Je considère pour ma part avoir assez à faire avec ceux que je n'ai pas pu empêcher de mourir pour en ajouter à la liste... Et Qu... Lire plus

4 commentaires
7 débatteurs en ligne7 en ligne
Photo de profil de Éric Delmas
1,7 k points
Débatteur Passionné
Autre
il y a 1 an
Je ne vois pas dans ce geste le moindre soin. On peut y voir de la compassion ou de l'identification, mais cet acte pose le problème de son irréversibilité. Dire qu'aujourd'hui on ne dispose pas de mo
Photo de profil de Lyonel Baum
248 points
Médecine générale
il y a 1 an
Le peu de cas que les médecins font de la volonté des patients est scandaleux. La légalisation de l’aide active à mourir (euthanasie et suicide assisté) est le seul moyen de contraindre le corps médic
Photo de profil de Henri Baspeyre
12 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie générale
il y a 1 an
ce n'est pas 1 soin,c'est 1 exécution capitale,sans passer par les tribunaux!
 
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