
Groupes de pratiques : le compte n'y est pas pour les syndicats de médecins
Actée dans le cadre de la convention médicale, la création de groupes d'analyse des pratiques (GAP) en vue d'améliorer la pertinence des soins continue de faire couler beaucoup d'encre. Après une première alerte de MG France, ce sont trois nouveaux syndicats qui déplorent l'aspect restrictif de l'appel à projets lancé par l'Assurance maladie et l'ANDPC fin janvier.

Le compte n'y est pas pour quatre des cinq syndicats de médecins qui ont signé la convention médicale en juin dernier. S'ils ont validé le principe des groupes d'analyse des pratiques (GAP) à cette occasion, la FMF, MG France, le SML et Avenir Spé-Le Bloc déplorent la "lecture administrée et contrainte qu'en ont fait l'Assurance maladie et l'ANDPC". Lecture qui "ne tient pas compte des souhaits exprimés lors de la négociation conventionnelle, pourtant à l'origine du dispositif", écrivent-ils dans un communiqué.
"Afin d'améliorer la pratique professionnelle en matière d’efficience et de pertinence des soins", l’Assurance maladie s'était alors engagée à "favoriser sur le territoire un dispositif d’échange de pratique entre pairs favorisant une démarche réflexive de leur pratique", peut-on lire dans le texte conventionnel." En s’appuyant sur l’expérience des groupes qualités existants", ces groupes d'analyse des pratiques "permettront de généraliser l’amélioration de la pertinence des prescriptions et des parcours de soins".
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
L'ANDPC et l'Assurance maladie, qui cofinanceront le dispositif, ont lancé un appel à projets pour la mise en œuvre de ces groupes. Ce dernier se déploiera de 2025 à 2027 dans onze régions (Bretagne, Normandie, Centre, Haut de France, Pays de la Loire, Martinique, Réunion, Guadeloupe). L'objectif sera de sélectionner dans chacune de ces régions un organisme chargé du déploiement, de l'accompagnement méthodologique, du suivi et de l'évaluation de l'impact des GAP, qui seront constitués de 10 à 15 médecins libéraux (généralistes ou spécialistes).
Seuls les organismes enregistrés auprès de l'ANDPC pour les médecins et l’évaluation des pratiques professionnelles pourront candidater.
"En exigeant qu'un seul organisme de formation soit retenu pour l'ensemble d'une région, au détriment de toutes les autres associations de formation continue, ainsi exclues, il est très évident que le nombre de médecins qui pourront intégrer ces groupes restera très limité", avait aussitôt mis en garde MG France, prédisant "l'échec" du dispositif. Trois autres syndicats signataires de la convention viennent ainsi de se joindre à MG France pour tenter de garantir les conditions idéales pour le déploiement de ces groupes de pratiques.
"Au lieu d'une limitation à un acteur par région, stérilisante et qui n'emportera pas l'adhésion des médecins", la FMF, le SML, Avenir Spé-Le Bloc ainsi que MG France réclament la mise en place d'un groupe de pilotage national constitué par les partenaires conventionnels (Assurance maladie ET syndicats). Ce groupe de pilotage serait chargé de déterminer un "cahier des charges" qui serait "ouvert à toutes les associations de formation médicale qui le souhaitent", de vérifier "l'activité de ces structures" et de s'assurer de "l'efficacité d'un dispositif ambitieux, nécessaire mais exigeant".
Des conditions sine qua non pour un dispositif "conventionnel et efficace".
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