“On est tombés de notre chaise”, a dénoncé ce jeudi 12 janvier la Dre Agnès Giannotti, présidente de MG France, réagissant aux récentes annonces d'Emmanuel Macron lors de ses vœux au monde de la santé. “Bien sûr, on a entendu des choses qui nous faisaient plaisir comme le fait que le généraliste est le visage le plus familier du système de santé et qu’on doit revaloriser son rôle”, a-t-elle poursuivi, avant de pointer du doigt d’autres “propos inacceptables”. “Quand on entend que le généraliste doit être la porte d’entrée mais pas le verrou de notre système, ça ne va pas”, estime aussi la syndicaliste, qui a tenu à rappeler combien les médecins sont en situation de souffrance à l’heure actuelle. “40% des généralistes sont au bord du burn out. Il y a des suicides de médecins”, s’est-elle insurgée. En se demandant “dans quel monde vivent les politiques”, la Dre Gianotti, a fait savoir que les propos du ministre de la Santé, indiquant que les médecins pouvaient déléguer les renouvellements d’ordonnance au lieu de voir leurs patients tous les mois, étaient intolérables. “Ces patients, on ne les voit pas tous les mois. Il faut qu’on les réévalue régulièrement. Nous ne sommes pas des photocopieuses."
“Pas de nouvelles contraintes” Profitant de cette conférence pour faire également un point sur l’avancée des négociations conventionnelles, à l’occasion desquelles les médecins demandent à être revalorisés, la présidente de MG France a prévenu que le syndicat ne tolérerait pas que cette hausse soit conditionnée à de nouvelles contraintes. “On ne l’acceptera pas. Quand on rentre le soir, on est à ramasser à la petite cuillère”. “Ils savent qu’on est déjà à bout et en difficulté, et ils en demandent toujours plus”, estime-t-elle. Le risque, pour MG France, c’est qu’à force de stigmatiser les médecins, ils finissent par quitter la profession. “On en a marre d’entendre parler de devoirs”. D’après leurs calculs du syndicat, 6500 médecins traitants ont plus de 65 ans et sont en droit de prendre leur retraite. “Attention, cela représente 6,5 millions de patients”, prévient-elle. De plus, le syndicat estime qu’un C négocié à 30 euros ne serait qu’une “mise à niveau compte tenu de l’inflation” et pas une réelle hausse. “En effet, avec un tarif bloqué à 25 euros depuis 2017, la reprise d’une inflation significative depuis plus d’un an, permet de calculer : 25 euros en 2017 correspondent à 29 euros en novembre 2023, 30 euros en août 2024”, calcule-t-il. Par ailleurs, MG France, pour qui “la balle est dans le camp du Gouvernement” demande à ce que “l'acte complexe pour la prise en charge, par le médecin traitant, des patients atteints de maladies chroniques, souvent multiples, doit être valorisé à la même hauteur au cabinet médical et au domicile du patient.” “La première ligne rouge : pas de contrainte”, a martelé la Dre Gianotti. Vers un mouvement de grande ampleur ? Enfin, revenant sur la grande mobilisation des médecins à l’appel du collectif Médecins pour demain, la Dre Gianotti a salué “des convergences qui apparaissent”. “On a vu disparaître leur revendication du C à 50 euros contre laquelle nous étions”, a-t-elle d’abord souligné. “On a aussi des constats partagés, comme par exemple le fait qu’on n’entend pas parler de moyens mais plutôt de contraintes”. “Aussi, si on voit que la négociation n’avance pas, peut-être qu’on sera amenés à appeler à un mouvement de grande ampleur. Notre ligne rouge est anti-contrainte et nous serons intraitables là-dessus.”
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