La grande Sécu entraînerait la "disparition du caractère libéral des professionnels de santé", s’alarme la CSMF
Faut-il instituer une grande Sécu prenant en charge à 100% l’ensemble des soins ? Non, a répondu sans concession la CSMF lors de sa conférence de présentation des vœux, jeudi 13 janvier, alors que le HCAAM venait de rendre au ministre de la Santé un rapport présentant les pistes d’évolution de l’articulation entre assurance maladie obligatoire (AMO) et assurance maladie complémentaire (AMC). Sur les quatre scenarios présentés dans ce rapport, dont Egora.fr a eu copie, un seul trouve grâce aux yeux de la CSMF : le maintien de l’architecture actuelle avec des mesures correctives visant à réduire le reste à charge de certaines populations ou dans certaines situations (modification des taux de ticket modérateur, forfaitisation de la participation financière des patients à l’hôpital…). « La CSMF est prête à s’engager dans ce scénario pour tenter d’améliorer le financement du soin en France, tout en notant que le reste à charge est globalement le plus bas des pays de l’OCDE », a commenté le président du syndicat, le Dr Jean-Paul Ortiz.
La CSMF juge en revanche que le scenario visant à rendre la complémentaire santé obligatoire et universelle « comporte les inconvénients d’une situation actuelle sans en avoir d’hypothétiques gains potentiels » : il entrainerait une « rigidification » du système sans simplifier le remboursement des actes. Le scenario d’un « décroisement » de l’AMO et de l’AMC (fin du remboursement à deux étages, Sécu et complémentaires remboursant à 100% des paniers de soins séparés) « ouvre la porte aux réseaux de soin et à une médecine à deux vitesses calquée sur le modèle américain », tranche la confédération. Etatisation Mais c’est le scenario d’une grande Sécu remboursant l’ensemble des soins (« ce qui reviendrait à mettre tous les assurés sociaux en ALD ») qui présente un risque majeur, d’après la CSMF : celui d’une « étatisation complète du système de soins, avec une disparition du caractère libéral des professionnels de santé dans ce système, et à côté, l’émergence d’une véritable médecine libérale accessible uniquement aux plus fortunés ». Sans parler de la question des dépassements d’honoraires et du secteur 2, dont le devenir est « occulté » dans ce rapport, d’après la CSMF. De son côté, MG France regarde ce sujet « avec attention » et se montre plutôt favorable à la remise en cause du modèle économique des complémentaires « qui fait payer cher les gens âgés qui ont un risque supérieur » et qui représentent « un coût financier important pour un service rendu qui n'est pas à la hauteur ». « La Sécurité sociale est basée sur un principe de solidarité : à chacun selon ses besoins, on paie en fonction de ses moyens. Les complémentaires, c'est l'inverse », soulignait Jacques Battistoni, président du syndicat de généralistes, dans une interview accordée à Egora.
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