"Le médecin ne peut organiser seul le parcours de soins" : les mutuelles plébiscitent "l'équipe de soins traitante"
Alors que 65% des médecins généralistes sont contraints de refuser de nouveaux patients*, la Mutualité française appelle à accentuer le partage de compétences en expérimentant "l'équipe de soins traitante" dans les zones médicalement sous-denses. "Face à la raréfaction du temps médical et au développement des maladies chroniques, notre système de soins doit être pensé différemment et le médecin traitant ne peut organiser seul le parcours de soins", plaide la fédération des mutuelles dans un "carnet de santé" présentant ses propositions de réforme du système de santé et de protection sociale. Des "mesures structurelles" qui visent à favoriser "la prévention, l’organisation des soins et l’accès à la complémentaire santé", alors que les 30 dernières années ont été marquées par "la régulation comptable" et "l'hyperréglementation" avec pour résultats une augmentation du renoncement aux soins et des retards de soins (en 2017, 1,6 million de Français auraient déjà renoncé à des soins**). La Mutualité française juge que le Gouvernement se cantonne à des "mesures de court terme" qui ne sont "pas à la hauteur des enjeux".
"Le partage de compétences au sein d’une "équipe de soins traitante" choisie par le patient et constituée a minima d’un médecin, d’un assistant médical, d’un infirmier et d’un pharmacien, allégerait la charge des médecins et limiterait le renoncement aux soins et/ou la prise en charge tardive notamment", avance la fédération.
Les mutuelles veulent également contribuer à la construction des "parcours de prévention aux âges clés". Les contrats de complémentaire santé qui proposent à leurs adhérents des actions de prévention devraient bénéficier d'un allègement de fiscalité, estime la fédération. Et plutôt que de doubler la franchise médicale, avec une perspective de recettes "d'à peine 800 millions d'euros", "le Gouvernement devrait rétablir le principe de compensation systématique et intégrale des exonérations de cotisations sociales", "ce qui permettrait de récupérer 3 fois plus, à savoir 2,1 milliards d’euros". Un sondage commandé par la Mutualité française relève d'ailleurs que 75% des Français pensent que leur reste à charge va augmenter***.
En parallèle, la Mutualité française appelle à arrêter de rembourser des médicaments dont le service médical rendu est insuffisant et à mieux partager les informations entre Assurance maladie et complémentaires santé pour "mieux gérer le risque et lutter plus efficacement contre la fraude".
***Sondage Harris interactive – Observatoire Mutualité française, décembre 2022.
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