Demain
L’heure n’est pas à la polémique ou à la critique, car il ne s’agit pas – du moins, pas encore – de faire un examen des responsabilités dans la gestion de l’épidémie du Covid-19. Qui a été le premier à alerter sur la dangerosité du virus ? La réactivité des pouvoirs publics a-t-elle permis de mettre en place, correctement et dans les temps, les dispositifs appropriés ? Les professionnels de santé ont-ils pu soigner tout en étant protégés ? Le système de santé a-t-il su répondre à cette crise épidémique inédite ? Ces questions, qui interrogent les rouages du système et notre rapport à la santé, devront être posées à la sortie de cette crise, mais ce sera l’affaire de demain. Aujourd’hui, le temps est encore à l’action, notamment dans les hôpitaux qui, entre contraintes matérielles, manque de temps et de personnel, tentent de faire face à la vague épidémique.
Hier encore, certains prenaient pour acquis l’engagement et le dévouement de ces personnels soignants, faisant fi de leurs revendications et appels à l’aide. Aujourd’hui, on reconnaît leur travail, on loue ces « héros du quotidien » à chaque intervention télévisée, on leur dit « merci », on applaudit à bâtons rompus… Mais si, tous les soirs à 20 h, il y a du monde au balcon, combien étaient dans les rues, hier, quand ces mêmes blouses blanches demandaient du soutien ? Combien seront prêts, demain, à transformer ces applaudissements en vrais slogans de bataille ? Cette « guerre » qu’évoquait le président de la République ne se résume pas à la crise sanitaire qui se joue aujourd’hui car, depuis plusieurs mois, une guerre administrative, financière et organisationnelle oppose le terrain à ses dirigeants. L’urgence se disait déjà. Et demain, il faudra l’écouter et y répondre, réinterroger nos réflexes et nos organisations. Cette crise rebat les cartes. À nous de jouer !
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