Secret
Le traçage numérique (tracing) suscite quelques polémiques sur fond de préservation du secret médical et son prolongement, nos libertés individuelles. Cette solution, qui fait appel à l’intelligence artificielle (IA), est pourtant nécessaire afin de prévenir non seulement une seconde vague, dévastatrice, mais aussi, pour juguler dans l’œuf, sans mettre le pays à l’arrêt, de nouvelles épidémies qui ne manqueront pas de survenir.
Le dispositif annoncé, déjà appliqué dans d’autres pays, vise à casser les chaînes de contamination grâce d’une part à l’identification, le suivi et l’isolement des personnes malades et contagieuses, d’autre part au recensement, pour chacun de ces patients, de l’ensemble des personnes-contact afin que ces dernières soient immédiatement invitées à se faire tester et à observer une période d’isolement.
Le cercle est certes élargi mais le secret reste sous protection
La loi du 11 mai 2020 fait que le consentement du patient ne sera pas un impératif mais le médecin traitant s’efforcera de le recueillir. Fallait-il que, face à un virus dont le taux de létalité est inférieur à 1%, la digue du consentement et du secret médical cède, s’interrogent certains ? Le Cnom balaie ces réserves en adoubant un dispositif « respectant les principes déontologiques et l’éthique de responsabilité » et qui offre bien des parentés avec celui des maladies à déclaration obligatoire. L’IA est bien sûr l’élément nouveau, que l’article 11 de la loi de bioéthique 2020 encadre, y compris en temps de crise, en introduisant deux principes impératifs : l’information du patient sur le recours à la technologie et la mise en œuvre d’une garantie humaine du numérique. Le cercle de personnes tenues par le secret médical est certes élargi mais le secret reste sous protection, n’en déplaise aux esprits chagrins qui devraient davantage se préoccuper de la confidentialité des données personnelles, y compris de santé, que nous livrons quotidiennement et sans garantie aux Gafam !
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