11 mai
Déconfinement ou « desserrement du confinement », selon les mots d’Alain Duhamel, éditorialiste politique sur BFMTV ? Depuis les annonces d’Édouard Philippe le 28 avril, ils sont nombreux – professionnels de santé, sociologues, politiques et éditorialistes – à jouer la carte du « consultant », à la suite des mesures déclinées autour du triptyque « protéger, tester, isoler ». Quel sera cet « après » que beaucoup redoutent, compte tenu des incertitudes encore présentes ? Comment dessiner ce plan de sortie de crise tout en prenant en compte les nombreuses questions sanitaires, économiques, sociales ? La situation est complexe : comment confiner et déconfiner sans discriminer, comment responsabiliser individuellement sans porter atteinte à l’intérêt collectif, comment privilégier la santé publique sans nuire davantage à l’économie nationale… Les attentes sont nombreuses, et la tâche délicate. « Inquiète est la tête qui porte une couronne », disait Shakespeare. Inquiète, la profession l’est également. Car au-delà de la dimension économique qui découle des chiffres du taux de fréquentation chez les généralistes et les spécialistes pendant l’épidémie (-40 et -50% selon Nicolas Revel, -44 et -71 % pour Doctolib), se pose la question du renoncement aux soins.
35 % de patients auraient renoncé, au moins une fois, à consulter entre janvier et avril. Dès lors, comment éviter la « perte de chance » liée à une dégradation silencieuse de l’état clinique de ces patients atteints de pathologies chroniques, de troubles psychiatriques ou en état de fragilité, ou ceux qui auraient eu besoin d’un dépistage, de soins courants… ? Les dommages collatéraux risquent d’être nombreux. Il y a eu un avant-17 mars, il y aura un après-11 mai. Celui-ci dépendra de notre responsabilité individuelle et collective, et de notre capacité à nous protéger les uns les autres. Coïncidence ou pas, le 11 mai, c’est aussi la Journée mondiale des espèces menacées. Comme un rappel.
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