Au pays du vaccin, le Pfizer-BioNTech fait figure de roi. Si sur le papier, le Moderna s’en rapproche, tant en termes de technologie, d’efficacité que de coût ou de temps de production, sur le terrain, le vaccin des laboratoires Pfizer et BioNTech a pris une petite longueur d’avance : premier lancé, premier arrivé sur le marché de la vaccination anti-Covid en France, il affiche aujourd’hui un peu plus de 23 millions de doses administrées, soit près de trois vaccins sur quatre… loin devant les 4,4 millions d’AstraZeneca et des 2,8 millions de Moderna*. Et désormais, le traditionnel « Tu es vacciné ? » conduit presque invariablement à la couleur de l’étiquette du flacon de vaccination.
Le 17 mai dernier, l’Agence européenne du médicament annonçait un assouplissement des conditions de conservation du vaccin Pfizer-BioNTech. Toutefois, le ministère de la Santé n’envisage pas, pour l’instant, de le mettre à disposition de la médecine de ville, lui préférant le Moderna, « qui est excellent, qui a le même taux de confiance, ou quasiment, que le Pfizer, et qui a exactement les mêmes caractéristiques », précisait l’Avenue Duquesne, dont l’objectif est d’« irriguer la ville de manière massive » avec le Moderna qui « va devenir un vaccin extrêmement important dans les volumes d’approvisionnement », sans pour autant exclure un recours à Pfizer dans un deuxième temps. Une décision qui a fait bondir les médecins généralistes libéraux qui espéraient, à travers cet accès facilité au vaccin Pfizer-BioNTech, une accélération de la campagne de vaccination freinée par la défiance envers l’AstraZeneca. D’autant qu’avec l’ouverture de la vaccination pour tous les adultes avancée au 31 mai prochain, la médecine de ville (avec les pharmaciens, les sages-femmes et les infirmières) pourrait fortement appuyer les vaccinodromes, et donner corps à la politique du « en même temps », chère au Président Macron. Un acte manqué ?
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