Ecos : "Sans solution, on ira jusqu'à la grève", préviennent les médecins enseignants
D'après un récent sondage, près d'un hospitalo-universitaire (HU) sur deux se dit prêt à se mettre en grève les 28 et 29 mai prochains à l'occasion de Ecos nationaux. Opposés à la réforme de leur retraite, ces praticiens espèrent faire pression sur le Gouvernement. Mais cette menace renforce les craintes des carabins, déjà inquiets à l'approche de ces premiers examens cliniques.
Alors que les Examens cliniques objectifs et structurés (Ecos) nationaux approchent à grands pas, ils pourraient être mis à mal par une grève des praticiens hospitalo-universitaires (HU). Ces derniers, examinateurs pendant ces nouvelles épreuves instaurées par la R2C*, sont plus de 45% à vouloir se déclarer grévistes les 28 et 29 mai prochains. C'est ce que révèle un récent sondage "non partisan"*, mené en mars dernier et auquel ont répondu 1 161 HU (soit 18% de ceux nationaux). Ces praticiens souhaitent en effet réagir face à la réforme de leur retraite qui doit entrer en vigueur le 1er septembre 2024, mais dont les décrets d'application n'ont pas été publiés.
Largement dénoncée par les syndicats, cette réforme suscite la colère des HU. Elle vise notamment à affilier ces professionnels à l’Ircantec, afin qu'ils bénéficient du même taux de remplacement que les praticiens hospitaliers (44% de leur dernier revenu). Cette refonte doit, selon le Gouvernement, "rendre plus homogène et donc plus lisible" leur système de retraite, mais aussi "renforcer l’attractivité de la carrière hospitalo-universitaire".
Alors que la retraite des fonctionnaires – dont font partie les HU pour la partie universitaire de leur activité - est normalement "calculée sur les six derniers mois de [leur] activité", le nouveau système de cotisation instauré par cette réforme va s'étendre "sur toute la durée de [notre] carrière, donc c'est anti constitutionnel pour les fonctionnaires", avance d'abord le Pr Guillaume Captier, à la tête du Syndicat des hospitalo-universitaires (SHU) : "La retraite de fonctionnaire ne sera [donc] pas améliorée avec ce nouveau système." "Et le deuxième élément, poursuit le représentant syndical, c'est qu'ils disent [le Gouvernement, NDLR] que l'on va avoir une caisse complémentaire de retraite, et en contrepartie, on va nous prélever sur notre salaire. Donc, [en plus de la pension de retraite], nos salaires vont diminuer." Une double peine pour les HU.
Afin de faire entendre leur voix, plusieurs syndicats appellent donc à la grève lors des Ecos – dont le SHU. Les praticiens semblent, eux, plutôt convaincus par une telle mobilisation. D'après le récent sondage auxquels plus de 1 100 d'entre eux ont répondu, et dont Egora a pu consulter les résultats, près d'un praticien HU sur deux affirme vouloir se mettre en grève lors des Ecos "en l'absence d'avancées significatives". 32% ne se sont pas encore décidés et 22,8% s'y déclarent opposés.
Mais cette grève reste encore hypothétique. "On a pris suffisamment de précaution pour prévenir à l'avance l'Etat pour qu'il puisse s'organiser", affirme en effet le Pr Guillaume Captier, qui doit être reçu avec l'INPH** en début de semaine prochaine par le ministre délégué à la Santé et à la Prévention, Frédéric Valletoux. "S'il y a des négociations pour revenir sur cette décision et que l'on trouve quelque chose de satisfaisant, il est bien évident qu'on lèvera le préavis de grève. Dans le cas contraire, on ira jusqu'à la grève", poursuit le représentant syndical.
Concernant l'intérêt d'une telle mobilisation, 50% des HU interrogés voient cette grève comme "un moyen de pression", révèle le sondage. 23% estiment, eux, que "se déclarer gréviste est malvenue mais nécessaire pour être entendus". Toutefois, 20,5% maintiennent qu'il est nécessaire de "trouver une autre action" pour faire entendre leurs revendications.
Alors que les Ecos tests – organisés mi-mars – ont révélé des dysfonctionnements, la menace d'une grève renforce un peu plus les craintes des carabins. "On voit que c'est une vraie menace", indique Jérémy Darenne, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). "Ce qui est problématique, c'est que les revendications [des HU] on les partage et on est totalement d'accord avec le fond de ces revendications. Mais le problème, c'est qu'ils ne peuvent pas pénaliser et mettre en danger le concours des étudiants", poursuit-il. Ces Ecos comptent, en effet, pour 30% de la note globale classant les étudiants pour leur choix de spécialité et de subdivision.
Une profession en manque d'attractivité
Au-delà de cette mobilisation, le sondage – qui assure être "hors syndicats" - avait également pour objectif d'appréhender le niveau d'information des personnels HU (toutes spécialités confondues) sur la réforme de leur retraite. Il montre alors que plus d'un tiers des HU ne sont que "partiellement" informés "par [leurs] tutelles" (CNU, collégiale HU…) de cette réforme. Près de 24% ont, eux, "pris connaissance des détails techniques" de ces nouvelles modalités.
Ces praticiens restent toutefois très pessimistes sur l'avenir de leur profession : plus de neuf praticiens sur dix estiment que leur statut "reste un frein à l'attractivité, malgré les récentes avancées", note le sondage. Plus de 80% pensent aussi que les jeunes ou futurs HU pourraient abandonner cette voie si leurs revendications sur les retraites ne sont pas entendues.
*Réforme du deuxième cycle des études de médecine (R2C).
**A l'initiative des hospitalo-universitaires du Collège national des universités (CNU) 52-01 (Gastroentérologie, hépatologie, addictologie).
*** L'intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH).
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