La baisse du nombre d'internes "aura un impact" sur l'hôpital, alerte le président du Samu
Alors que 1500 internes manqueront à l'appel à la rentrée, le président du Samu-Urgences de France, le Dr Marc Noizet, s'inquiète des conséquences pour les hôpitaux universitaires.
Plus la rentrée avance, plus les craintes se font ressentir. Si l'on a jusqu'ici beaucoup entendu les internes en médecine, ce sont désormais les professionnels de santé en exercice qui tirent la sonnette d'alarme. La baisse du nombre d'internes à l'automne "aura un impact" sur l'hôpital, et en particulier sur les CHU, "dont 40% des ressources médicales sont constitués par des internes", indique ainsi le Dr Marc Noizet, président du syndicat Samu-Urgences de France, ce vendredi 16 août, au micro de franceinfo.
En novembre, un peu plus de 1500 internes manqueront à l'appel. 7974 postes d'internat ont en effet été ouverts cette année, contre 9 484 l'an dernier. Une baisse qui s'explique par le fait que de nombreux carabins ont préféré, courant 2023, redoubler leur 5e année pour ne pas "essuyer les plâtres" de la réforme du deuxième cycle des études de médecine (R2C). En outre, 276 carabins ont échoué aux EDN et 62 ont invalidé les Ecos, les deux examens qui remplacent les ECN.
Au total, ce sont "7433 lauréats" qui sont actuellement amenés à faire leur choix pour leur affectation (spécialité et subdivision), indiquait le Centre national de gestion à Egora. La phase de simulation de la procédure d'appariement, qui a permis aux étudiants d'entrer leurs vœux et de les affiner en fonction de leur rang, vient de se clôturer. Mais si tout s'est jusqu'ici bien passé sur le plan technique, de nombreux étudiants ont dénoncé cette baisse du nombre de postes ouverts.
"Devant ces désistements, les postes proposés pour l’internat ont été diminués en conséquence, sans toutefois prendre en compte la force des demandes pour certaines spécialités, déplore ainsi Hélène, étudiante en 6e année, qui a rédigé une pétition. À titre indicatif et non exhaustif, les postes de chirurgie plastique et reconstructrice ont été diminué de moitié, tandis que la médecine générale à Bordeaux l’a été de 20%. En revanche, et contre toute attente, le nombre de postes en chirurgie pédiatrique reste inchangé."
En outre, "les rangs limites pour accéder à la plupart des spécialités ont bondi de 1000 places au moins lors de nos premières simulations de choix. Par exemple, un étudiant qui souhaite faire un internat de chirurgie digestive à Paris doit être aujourd’hui classé parmi les premiers 23% de sa promotion, contre 35% l’année passée. Cette différence est inacceptable", dénonce la pétition. "Trop d’étudiants devront choisir une spécialité par dépit dans laquelle ils seront moins investis et la qualité de leurs soins en pâtira."
Interrogé à ce sujet, le Dr Noizet a dit "comprendre la grogne des internes qui se retrouvent avec un classement qui ne leur permet pas d'atteindre la spécialité souhaitée", ajoutant que les hôpitaux allaient devoir "compenser avec d'autres ressources, probablement des médecins étrangers" ou "modifier les organisations".
Le patron du syndicat Samu-Urgences de France avance que des "négociations [sont] en cours entre les internes et les deux ministères qui sont tutelle pour cette formation". "Des terrains d'accord seront sans doute trouvés parce qu'il faut souligner le travail [que les internes] ont effectué pendant les six années de formation théorique et qu'on puisse les amener à pouvoir accéder aux postes", ajoute-t-il. Le syndicaliste craint que les étudiants français ne se tournent vers d'autres pays pour terminer leurs études de médecine. "On les a formés, il faut qu'ils puissent aller jusqu'au bout de leur formation, il faut trouver un terrain d'entente", a-t-il insisté auprès de franceinfo.
[avec franceinfo]
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