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Craintes autour des postes d'internat : "Nous n'en sommes qu'à la phase de simulation", répond le CNG

La phase de simulation de la procédure d'appariement, devant attribuer un poste d'internat aux étudiants en 6e année de médecine ayant validé les EDN et les Ecos, se termine ce soir. Elle permet aux carabins de tester leurs vœux et de les affiner. Mais certains ont pointé une forme d'"injustice" liée à la diminution du nombre de postes ouverts et à l'évolution déconcertante des rangs limites. Le CNG appelle à ne pas faire de "comparaisons avec le système antérieur" et tente de rassurer.

14/08/2024 Par Louise Claereboudt
Internat Externat
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7974. C'est le nombre de postes d'internat qui ont été ouvertes cette année aux étudiants. Soit 1500 de moins que l'an dernier. Une baisse qui s'explique par le fait que de nombreux carabins ont préféré, courant 2023, redoubler leur 5e année pour ne pas "essuyer les plâtres" de la réforme du deuxième cycle des études de médecine (R2C). 276 ont, en outre, échoué aux EDN et 62 ont invalidé les Ecos, les deux examens qui remplacent les ECN. Ainsi, "7433 lauréats" vont être amenés à faire leur choix pour leur affectation (spécialité et subdivision), indique le Centre national de gestion (CNG), chargé de superviser la procédure nationale d'appariement.

Les étudiants ont déjà pu commencer à entrer leurs vœux et à les affiner sur la plateforme mise en place. La phase de simulation a en effet démarré le 3 août pour la quasi-totalité des étudiants. Elle a démarré le 7 août pour les "255" signataires d'un contrat d'engagement de service public (CESP) amenés à faire leur choix. Cette phase de simulation, qui est facultative, va prendre fin ce mercredi soir. Elle sera suivie de la phase de tour à blanc à partir de laquelle "les résultats vont commencer à être pris en compte", précisait Lucas Poittevin, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), à Egora. Celle-ci démarrera le 16 août pour les signataires d'un CESP et le 23 août pour les "non CESP".

Hier soir, sur les candidats non CESP, "7353 s'étaient connectés pour le cinquième tour" sur les 7433 lauréats devant faire leur choix. "Ils ont fait un nombre de vœux moyens de 63 vœux par étudiant", indique le CNG qui rappelle que, pour le tour à blanc, les étudiants devront saisir "au moins 40 vœux". "Sur ces 7353 étudiants qui ont fait des vœux, 7320 ont eu une affectation potentielle, soit la quasi-totalité", se réjouit le CNG, qui précise que "les autres ont fait des vœux qui n'étaient pas accessibles compte tenu de leur rang de classement". Mais cela reste "très minoritaire", ajoute-t-il. 33 étudiants sont concernés. "La totalité" des étudiants signataires d'un CESP ont eu une affectation potentielle à l'issue du dernier tour, qui s'est clos hier soir.

Le CNG se montre globalement "satisfait" de la première phase de la procédure d'appariement organisée dans le cadre de la première année de mise en œuvre de la réforme. Il indique n'avoir eu à gérer que des "cas isolés" d'étudiants n'arrivant pas à se connecter à la plateforme, résolus rapidement : "rien de significatif". Il assure toutefois rester vigilant : "On n'est jamais à l'abri de connexions massives qui se feraient au même moment, et provoqueraient des ralentissements. Or tout ralentissement est angoissant pour les étudiants, donc on surveille énormément", insiste le Centre national de gestion, qui est en lien avec l'Anemf. "Il y a une attention très importante portée aux étudiants. Tout le monde est conscient que c'est la première année de la réforme et qu'il ne faut pas que ça les défavorise."

"J'aurais dû avoir mon plan B sans trop de difficultés…"

Pourtant, quelques étudiants concernés par la procédure ont récemment pointé une forme d'"injustice". A commencer par la diminution du nombre de postes ouverts, qui les désavantage selon eux.  "Je suis classée 3027 pour l’ORL, qui est ma spécialité de rêve. Le dernier pris l’année dernière était classé environ 3500. Sachant qu’on est une plus petite promotion, je n’étais déjà pas sûre de l’avoir. La fermeture des postes [d'internat] a eu beaucoup plus d'effets que ce à quoi je m’attendais : sur nos simulations le dernier pris en ORL, quelle que soit la subdivision, est classé 2300", confie Hélène, contactée par Egora. L'étudiante en 6e année de médecine est désabusée : elle craint de ne pas pouvoir exercer la spécialité dont elle rêve.

"Mon plan B était la chirurgie digestive à Paris ou Bordeaux que j’aurais normalement dû avoir sans trop de difficultés avec mon classement. Je n’ai aucun des deux. A cause de la fermeture des postes, de nombreux étudiants se rabattent sur leur second choix et l’effet se multiplie. Lors des premières simulations, le dernier pris en chirurgie digestive à Paris est classé 1888… L’année dernière, le dernier pris pour ce poste était classé 3692", ajoute-t-elle. Un peu démunie, la jeune femme a lancé une pétition pour réclamer l'ouverture de nouveaux postes d'internat. "Trop d’étudiants devront choisir une spécialité par dépit dans laquelle ils seront moins investis et la qualité de leurs soins en pâtira", écrit-elle dans ce texte, qui a recueilli près de 5500 signatures.

Le Comité interfacultaire représentant les externes en médecine (Cirem), "association constituée en mars 2024 pour défendre les intérêts des étudiants directement impactés par la réforme du deuxième cycle des études de médecine (R2C)", et qui dit représenter "plusieurs centaines d'étudiants en 6e année", partage ce constat amer. Dans une lettre ouverte au ministre démissionnaire de la Santé, Frédéric Valletoux, il réclame la "redistribution urgente des postes disponibles", "avant l'étape d'appariement définitif". Il juge en effet que la "diminution du nombre de spécialistes formés dans des domaines aussi cruciaux que la cardiologie, la neurologie, ou encore la psychiatrie, pourrait sérieusement compromettre l'efficacité de notre système de soins".

Interrogé par Egora à ce sujet, le CNG explique que la diminution du nombre de postes s'explique par la baisse du nombre d'étudiants. "Il y a toujours un ajustement postes/candidats", indique-t-on. "Cela évite qu'il y ait des postes non pourvus à la fin". L'administration, qui s'occupe essentiellement du bon déroulement de la procédure, rappelle que c'est le ministère qui procède aux arbitrages, et que "la répartition des spécialités se fait notamment en fonction des besoins de santé publique, des remontées qui sont faites des ARS. Ce n'est pas parce que sur une année vous avez X postes dans une spécialité qu'il y a l'obligation d'avoir le même volume l'année suivante."

S'agissant de l'évolution des rangs limites, qui en a déconcerté plus d'un, le CNG indique que cela devra "faire l'objet d'analyses statistiques poussées". Mais pour l'heure, "c'est sans doute un peu prématuré, avance-t-on. Nous ne sommes que dans une phase de simulation." Le Centre national de gestion appelle, en outre, à "la vigilance". "Il faut être très prudent sur les comparaisons avec le système antérieur. Désormais, des groupes de spécialités sont constitués [les étudiants ayant validé leurs EDN et Ecos ne disposent plus d'un classement unique, mais d'un classement en fonction de 13 groupes de spécialités, NDLR], ce n'est plus pareil", ajoute-t-on. 

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