Faire payer leurs études aux internes selon leur spécialité ? Polémique après les propos de Le Maire
Le ministre de l'Economie et des Finances a proposé, dimanche 16 juin, de ne financer les études que des carabins s'orientant vers une spécialité "difficile" et décidant de s'installer dans des déserts médicaux.
Ne plus financer les études des carabins qui choisiraient des spécialités "trop faciles" ? C'est la proposition faite par Bruno Le Maire, dimanche 16 juin. Invité de l'émission Questions politiques diffusée sur France Inter et France Info, le ministre de l'Economie et des Finances a expliqué qu'il souhaitait seulement prendre en charge les frais des étudiants en médecine se tournant vers des spécialités "difficiles". "Aujourd'hui, vous avez un système dans lequel on paye toutes les études de ceux qui font […] médecine pendant onze ans. A la sortie, [ils ont une] liberté d'installation et le choix de [leur spécialité]", a avancé le ministre, regrettant que la chirurgie reconstructrice et esthétique arrive première dans les choix d'internat des étudiants.
Pour lutter contre les déserts médicaux, @BrunoLeMaire propose que seuls les médecins choisissant des spécialités "difficiles, pas recherchées, qui correspondent aux besoins de la nation française" voient leurs études payées par l'État #QuestionsPol pic.twitter.com/K1uzABRfJt
— France Inter (@franceinter) June 16, 2024
"Si lorsque vous choisissez votre spécialité, vous choisissez de faire de la chirurgie esthétique à Nice, c'est très bien. Mais vous [devez] payer vos études", alors déclaré Bruno Le Maire. "Si à l'inverse, vous prenez une spécialité qui est 'difficile' et qui, aujourd'hui, n'est pas recherchée du tout, comme la gériatrie ou la psychiatrie, qui sortent dans les dernières [dans les choix de, NDLR] l'internat alors même qu'elles correspondent aux besoins de la nation française et de nos compatriotes. Dans ce cas-là, parce que vous allez vous installer là où l'on a besoin de médecins et que vous choisissez une spécialité dont on a besoin pour nos parents, nos grands-parents et les personnes en situation de dépendance : là, on vous paie vos études", a poursuivi le locataire de Bercy.
Ces propos n'ont pas manqué de faire réagir. "Toutes les spécialités médicales sont difficiles ; 87% du territoire est un désert médical [et] les médecins rapportent à l'Etat pendant leurs études", a notamment rappelé le mouvement Médecins pour demain sur X. "On paie déjà nos études. S'il y avait des comptes à faire, ce serait l'Etat qui nous devrait des sous", a ajouté le dessinateur et interne Vie de Carabin.
"Un non-sens complet"
"Les effectifs étant déjà déterminés en fonction des besoins en santé, que ce soit l'offre de formation territoriale ou les places par spécialité, c'est un non-sens complet... Cependant investir dans la formation est un besoin, à commencer par la revalorisation des salaires !", a, de son côté, répliqué Jeremy Darenne, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf).
L'Intersyndicale nationale des internes (Isni) a également réagi à la proposition de Bruno Le Maire. "A votre disposition […] pour essayer de trouver ensemble des spécialités 'faciles' ou d'autres encore ne 'répondant pas aux besoins de la nation française", a ironisé l'organisation syndicale, précisant que les "internes sont les seuls étudiants qui rapportent de l'argent au cours de leur formation".
En 2022, Egora révélait, en effet, dans une enquête que les carabins rapportent toujours plus à l'Etat que l'argent investi pour les former. Les chiffres montraient qu'en formant un médecin généraliste pendant neuf ans dont trois d’internat, le gain total pour l’État est de plus de 210 000 euros. Et, en formant un médecin spécialiste pendant onze ans dont cinq d’internat, ce gain dépasse les 366 500 euros.
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