Durée de formation réduite, Ecos non classants... Les pistes de l'Académie pour réformer les études de médecine
L'Académie nationale de médecine a adopté, mardi 25 février, un rapport préconisant une refonte profonde des études de médecine. Ce document propose notamment de réduire la durée de formation des carabins de un à trois ans.
Début 2025, le Pr Didier Gosset, doyen honoraire de la faculté de médecine de Lille, proposait lors d'un point presse organisé par l'Académie nationale de chirurgie de réduire de deux ans les études de médecine. Cette hypothèse, qui n'avait pas manqué de faire réagir, semble aussi séduire l'Académie nationale de médecine. L'institution a adopté*, mercredi 25 février, un rapport - faisant lieu de "prise de position officielle" - proposant d'abaisser la durée de la formation médicale à neuf ou dix ans selon les spécialités, contre les dix à parfois douze années actuelles.
Pour réaliser ce document, 61 personnalités du monde universitaire, professionnel, politique, syndical et associatif ont été interrogées par un groupe de travail de l'Académie de médecine. Il découle de ces auditions la nécessité, selon les auteurs du rapport, de "bâtir un modèle de formation à la fois plus court, plus concret et plus multidisciplinaire".
Forme-t-on trop de médecins ?
Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
Le document invite, dans un premier temps, à limiter la hausse du nombre d'étudiants en médecine formés, en raison notamment du développement de l'intelligence artificielle et de l'exercice partagé. Alors que Gabriel Attal, alors Premier ministre, avait annoncé en avril dernier vouloir porter à 16 000 le nombre d'étudiants en deuxième année de médecine d'ici 2027, le rapport appelle "à ne pas augmenter inconsidérablement leur nombre, en limitant à +10% le quota supplémentaire" de carabins. "Vouloir former 16 000 médecins voire multiplier par plus de deux leur nombre risque d’aboutir dans 15 ans à un trop plein de praticiens sans réelle activité, amenant les responsables politiques à rétablir le numerus clausus !", préviennent les auteurs du rapport.
Concernant les Pass et LAS, le texte adopté par l'Académie penche en faveur d'une licence en santé commune. "Cette licence devra être le creuset commun de toutes les formations de santé", est-il indiqué. A la fin de cette première année, les étudiants s'orienteront "vers telle ou telle formation, sur la base des résultats aux examens écrits, suivis d'un oral pour celle[s] ou [ceux] qui [ont] réussi". Chaque étudiant conservera une deuxième chance en fin de deuxième année de licence, "avec la possibilité d'une réorientation en troisième année sur la base de ses résultats écrits", avance le rapport.
Rendre les Ecos non classants
Le deuxième cycle des études médicales doit également être remanié, d'après ce rapport. Le document propose, en effet, que ce cycle ne dure plus que deux ans ; sa troisième année – qui correspond actuellement à la sixième année des études médicales – serait alors transformée en année commune à tous les DES, après le passage des EDN. Elle aurait "vocation à enseigner des compétences génériques qui doivent être partagées par tous les médecins, quelles que soient leur spécialités, et à contribuer à la détermination du choix de spécialité", précisent les auteurs du rapport.
Par ailleurs, l'Académie nationale de médecine propose que les Ecos – oraux mis en place en 2024 par la réforme du deuxième cycle (R2C) – ne soient plus classants. L'institution pointe, en effet, les difficultés à "garantir des conditions homogènes d’évaluation [de ces épreuves, NDLR] avec une précision garantissant la parfaite reproductibilité qu’impose la prise en compte de la note dans le classement".
Enfin, les études de médecine doivent se conclure sur "un doctorat de quatre ou cinq ans selon les spécialités". La formation médicale reposera donc "au total, sur neuf ou dix années […] (notamment pour les spécialités à gestes opératoires ou endoscopiques), soit un schéma plus court de un à trois ans, comparé à la durée actuelle de formation", calculent les auteurs.
Régionaliser l'internat
Pour éviter une trop grande "hyperspécialisation" des internes, la première année de ce doctorat consisterait donc un tronc commun "de formation initiale polyvalente" ; la deuxième année serait consacrée au choix de spécialité, selon les résultats aux EDN et à un entretien.
Pour les auteurs de ce rapport, l'abaissement de "la durée de la formation" des futurs médecins "s’inscrit dans une perspective de renforcement de l’articulation entre formation initiale et formation continue tout au long de la vie professionnelle dont il faudra, à son tour, profondément modifier les modes d’organisation et le financement selon un récent rapport de la Cour des comptes."
Autres mesures avancées dans le rapport : l'augmentation des moyens humains et matériels dans les UFR, les CHU, CH privés et publics et les MSP signataires d'un contrat de formation, ainsi que la nécessité de régionaliser l'internat en permettant aux futurs médecins de réaliser plus facilement leur internat dans leur territoire d'origine.
*Le texte du rapport a été adopté par 44 voix pour, 14 voix contre et 6 abstentions.
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