Contrôle glycémique continu

Mesure du glucose en continu : efficace aussi dans le diabète de type 2

Utilisés en routine dans le diabète de type 1, les appareils de mesure du glucose en continu (CGM) seraient aussi bénéfiques chez les diabétiques de type 2, selon des données en vie réelle présentées au congrès de l’EASD. Y compris chez des patients âgés et dépendants, dont le contrôle glycémique obéit à d’autres impératifs.

25/10/2024 Par Romain Loury
EASD 2024 Diabétologie
Contrôle glycémique continu

Désormais monnaie courante chez les patients vivant avec un diabète de type 1 (DT1), les systèmes de mesure en continu du glucose (CGM) demeurent rares chez les diabétiques de type 2 (DT2). Selon les résultats de l’étude française Entred 3, seuls 13 % des patients vivant avec un DT2 sous insulinothérapie auraient recours à un CGM, contre 66 % de ceux vivant avec un DT1. La différence tient non seulement à la nature de la maladie et de son traitement mais aussi aux caractéristiques des patients DT2, plus âgés, donc moins connectés.

Présentés lors du congrès de l’EASD, les résultats d’une étude américaine menée en vie réelle démontrent pourtant l’intérêt des CGM chez les diabétiques de type 2, quel que soit leur traitement(1). Chez les 6 030 patients analysés, la mise sous CGM était liée, en un an, à une baisse moyenne de 0,9 % du taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) chez les patients sous insuline basal-bolus, de 1,1 % chez ceux sous insuline basale, et de 1,1% aussi chez ceux hors insuline. Parmi l’ensemble de ces patients, 56,7 % ont vu leur taux de HbA1C diminuer d’au moins 0,5 % en un an.

Ces changements étaient par ailleurs indépendants des éventuels ajustements thérapeutiques survenus au cours de la période. Selon le Dr Richard Bergenstal, directeur de l’International Diabetes Center (groupe HealthPartners Institute, Minneapolis, Minnesota), cette amélioration du contrôle glycémique « n’est pas seulement liée au traitement : l’utilisation d’un CGM agit en plus des médicaments, ou du moins elle en augmente les effets ».

Intérêt "informatif et motivationnel"

Quant aux bénéfices observés chez les patients hors insuline, ils seraient liés aux effets « pédagogiques » du CGM, peut-être via une modification du comportement : « Les patients veulent connaître leur glycémie, et surtout la façon dont leurs habitudes de vie influent sur elle. Je ne pense pas qu’il y ait de meilleur outil informatif et motivationnel que le CGM chez ces patients », commente Richard Bergenstal.

D’autres résultats de cette étude en vie réelle révèlent une forte baisse du risque de complications. Parmi les près de 75 000 diabétiques de type 2 ayant utilisé un CGM, le taux d’hospitalisation liée au diabète, par exemple à la suite d’une hyperglycémie, une hypoglycémie ou une acidocétose, a diminué de 52,7 % chez les patients sous insuline basal-bolus, de 47,6 % chez ceux sous insuline basale, de 31 % chez les patients hors insuline, au cours de la période allant de six à douze mois après la mise sous CGM, par rapport aux six mois la précédant.

Patients âgés : mieux surveiller

Chez les patients âgés et dépendants, dont ceux vivant en maison de retraite, l’usage d’un CGM pourrait être particulièrement efficace pour éviter les extrêmes glycémiques. Notamment l’hypoglycémie, « liée à un risque accru de mortalité, de démence et d’altérations cognitives chez les patients âgés », rappelle la Dre Sarra Smati-Grangeon, du service d’endocrinologie, diabétologie et nutrition du CHU de Nantes. Raison pour laquelle les cibles glycémiques diffèrent quelque peu dans cette population : afin d’éviter tout risque d’hypoglycémie, il est conseillé de ne pas dépasser 1 % de temps sous la cible, au lieu de 4 %. Quant au temps au-dessus de la cible (plus de 250 mg/dl), il ne doit pas dépasser 10 %, au lieu de 5 %.

Or, de nouvelles données de l’étude française Hypoage tempèrent ces recommandations. Âgés en moyenne de 81,5 ans, les 141 patients analysés ont été mis sous CGM pendant vingt-huit jours, puis les données glycémiques comparées aux chiffres de mortalité enregistrés à fin juin 2023. Selon l’analyse des chercheurs, le temps passé en hyperglycémie était lié à une baisse de 41 % des chances de survie, de même qu’une forte variabilité glycémique (-43 %). À l’inverse, le temps sous la cible n’apparaissait pas, dans cette étude, comme lié au risque de mortalité.

Alors que la prise en charge des patients âgés met l’accent sur la prévention des hypoglycémies, Sarra Smati-Grangeon estime que « le temps sous la cible est certes un critère qu’il faut prendre en compte, mais il faut peut-être aussi faire preuve de vigilance quant au temps au-dessus de la cible. Et donc ne pas laisser les personnes âgées avec des glycémies trop élevées, qui favorisent les infections ou d’autres complications », dont la déshydratation.

  1. Garg SK, et al. Diabetes, Obesity and Metabolism, 12 septembre 2024.

Références :

Congrès annuel de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD 2024), du 10 au 13 septembre 2024, Madrid. D’après les présentations des Prs Satish Garg (Aurora, États-Unis), Richard Bergenstal (Minneapolis, États-Unis), Mark Evans (Cambridge, Royaume-Uni) et de la Dre Sarra Smati-Grangeon (CHU de Nantes) lors des sessions « Fine Tuning CGMing » et « Do devices really help the person with diabetes ».

"Know your infusion pump vulnerabilities and secure your healthcare organization", Palo Alto Networks, 2 mars 2022.

"National Paediatric Diabetes Audit (NPDA). Report on Care and Outcomes 2022/23", Royal College of Paediatrics and Child Health, avril 2024.

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