Si les députés ont finalement approuvé le projet de loi de lutte contre les dérives sectaires, et réintégré l'article prévoyant la création d'un nouveau délit de "provocation à l'abandon de soins", ce mercredi, les débats ont été particulièrement houleux. La présidente de séance a été contrainte de faire plusieurs rappels au règlement et de suspendre temporairement les discussions à plusieurs reprises.
Pour son retour à l'Assemblée nationale après avoir quitté le Gouvernement, dont il était le porte-parole, Olivier Véran s'est exprimé pour rappeler l'importance de "protéger les plus fragiles et condamner tous ceux qui prospèrent sur la peur, la misère et la mort". Celui qui a été ministre de la Santé durant l'épidémie de Covid s'en est pris au Pr Didier Raoult, dont il a pointé "les délires quasi messianiques". "Combien de malades en France refuseront un vaccin protecteur enfermés dans leurs fausses croyances par les propos ambigus du charlatan de la Canebière ?", a-t-il déclaré, l'air grave.
J'ai tapé "gourou et Raoult" sur Google, il y a plus de réponses que pour "science et Le Pen".
— Olivier Véran (@olivierveran) February 14, 2024
De retour dans l'hémicycle, j'ai défendu la loi contre les dérives sectaires. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça n'a pas plu aux extrêmes ! pic.twitter.com/7Uk0LIQroo
"Pendant la pandémie il y a eu d'un côté nos blouses blanches au lit des malades comme dans les laboratoires, et puis il y a eu Didier Raoult. Les premiers ont gagné notre estime et notre respect, le second a gagné de l'argent et des disciples", a dénoncé Olivier Véran. "L'hydroxychloroquine mal utilisée a pris bien plus de vies qu'elle en a sauvées, et Didier Raoult a vendu des dizaines de milliers de livres", a-t-il ajouté, visant au passage certains de ses défenseurs dans les rangs du Rassemblement national. "Avant de venir, j'ai cherché sur Google, j'ai tapé par exemple 'gourou' et 'Raoult', et j'ai trouvé plus de réponses qu'en tapant science et Le Pen", a-t-il taclé, sous les huées du RN.
"Il y aura mesdames et messieurs les députés d'autres crises sanitaires dans notre pays, il y aura d'autres gourous. Certains parviendront à ébranler la confiance de nos concitoyens à large échelle, d'autres attenteront même peut être à nos institutions, a-t-il enfin poursuivi. On peut débattre de toutes les idées mais on ne peut pas s'arroger des compétences qu'on n'a pas et intenter à la sécurité, à la santé de nos concitoyens, pour des bénéfices personnels."
Également présente dans l'hémicycle, Marine Le Pen a tenu à répondre à la pique lancée par Olivier Véran : "S’il y a bien une personne qui ne devait pas prendre la parole aujourd’hui, c’est monsieur Véran qui a dit tout et l’inverse de tout pendant la crise du Covid." Rappelant, en outre, que le Président de la République en personne s'était rendu à l'IHU de Marseille.
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