"Un point qui nous interroge [...] certaines très grosses pharmacies commandent direct aux industriels et font du surstock avec donc des petites pharmacies qui elles n'arrivent pas à avoir de stock", a assuré le ministre de la Santé mardi dernier sur RTL, annonçant au passage qu’il réunirait dès la semaine prochaine tous les acteurs concernés par le sujet de la gestion des stocks de médicaments pour comprendre pourquoi certains patients n'en "trouvent pas". "On a 450 médicaments qui sont mis sous surveillance par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et en effet, globalement, on a du stock au niveau national", a-t-il poursuivi, faisant un distinguo entre "rupture et risque de rupture".
"Quand on n’est pas spécialiste du dossier, quand on débute dans un ministère, on dit des inexactitudes parfois, sur un dossier qui est assez complexe", a taclé en retour Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats de pharmaciens, mercredi 1er novembre sur RMC. "Les situations sont très différentes selon les médicaments. Une rupture d’anticancéreux, ce n’est pas pareil qu’une rupture d’antidiabétique. Là, le ministre parlait exclusivement des antibiotiques et des médicaments de l’hiver, ce qui nous a manqué l’an dernier, comme l’amoxicilline, la cortisone et le paracétamol", a-t-il poursuivi.
Pénurie de médicaments: faut-il faire des stocks ?
— RMC (@RMCInfo) November 1, 2023
"C'est pas du tout le Far-West [...] Ça ne fonctionne pas parce qu'il y a [...] une rupture de stocks dans la chaîne", souligne Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats de pharmaciens#ApollineMatin pic.twitter.com/W3Vzi6GKqU
A l’heure actuelle, environ 60% des pharmacies seraient en rupture ou quasi-rupture d’amoxicilline. "En France, on n’est pas capables pour l’instant de fabriquer ces médicaments, donc on est obligé de les acheter. Les stocks sont dans les laboratoires, chez nos grossistes répartiteurs qui nous livrent deux fois par jour, et dans nos pharmacies. Dans les laboratoires, l’Agence du médicament nous dit qu’il y a deux mois de stocks. Chez les répartiteurs, il n’y en a pas du tout, pas une boîte. Et dans les pharmacies, il y a 60% qui n’en ont pas du tout ou très peu, 20% qui en ont sept jours, le minimum, et 20% qui ont un mois de stocks, qui ont réussi à s’approvisionner", a encore assuré Philippe Besset.
Le pharmacien a enfin reproché à Aurélien Rousseau de ne pas libérer les deux mois de stocks de médicaments disponibles dans les laboratoires : "Pourquoi ne libèrent-ils pas les stocks stratégiques au moment où on en a besoin? [...] C’est lui qui fait l’écureuil, en fait. Il faut nous les donner, nous approvisionner de façon équitable pour que tous les patients, de toutes les pharmacies, puissent en avoir."
[avec AFP et RMC]
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