Statines, antihypertenseurs, antibiotiques… Ces médicaments que pourraient bientôt prescrire les IPA en accès direct
L'arrêté n'est encore qu'au stade de projet mais il déclenche déjà une levée de boucliers. L'UFML annonce dans un communiqué du 25 octobre avoir mis la main sur un "document de travail" concernant des listes de médicaments et autres traitements que les IPA pourraient être autorisées à prescrire dans le cadre de l'accès direct qui leur a été ouvert par la loi Rist du 29 mai 2023. La présidente du conseil national professionnel (CNP) des IPA, Julie Devictor, confirme à Egora avoir été destinataire de ce document de travail, émanant de la DGOS. "Les CNP IPA et médicaux doivent faire des propositions", précise-t-elle, avant que les listes ne soient soumises pour avis aux ordres, et in fine, à la HAS et à l'Académie de médecine en vue de la parution d'un arrêté.
Arrêt de travail de moins de 3 jours
Plusieurs listes sont en cours de concertation. L'une serait commune à toutes les IPA, quelle que soit la "mention" de leur diplôme, c'est-à-dire leur spécialité*. En accès direct, elles pourraient ainsi délivrer aux patients adultes qu'elles suivent un arrêt de travail de moins de 3 jours, prescrire un programme d'activité physique adaptée, un transport sanitaire, un antibiotique en cas de cystite ou d'angine après réalisation d'un test positif, ou encore orienter vers un diététicien pour un bilan nutritionnel ou vers un psychologue dans le cadre de "Mon Parcours psy".
D'autres listes sont spécifiques à chaque "mention" d'IPA et dépendantes de la présence d'un diagnostic préalable ou non. Ainsi, il est proposé de permettre à une IPA de soins primaires de prescrire à un patient "sans diagnostic préalable" des traitements antihypertenseurs, hypolipémiants ou hypoglycémiants de première ligne. Après diagnostic médical, la liste est plus étendue, incluant par exemple des traitements de l'insuffisance cardiaque "dans le cadre d'une conduite diagnostique et de choix thérapeutiques déterminés par un médecin".
Les CNP sont invités à corriger, étoffer et préciser ces listes. Certaines prescriptions pourraient être conditionnées à la réalisation de formations complémentaires.
"Vente à la découpe" de la médecine générale
Sans attendre le résultat de ces concertations, l'UFML alerte dans son communiqué sur "la vente à la découpe" et "la destruction la médecine générale". "Oui, l’Etat profite de la pénurie médicale et des difficultés d’accès aux soins, résultats de 30 ans d’incurie politique et d’un manque majeur d’attractivité de la médecine dont il est le seul responsable, pour organiser la fin programmée de la médecine générale, dite de 1er recours" et "pour justifier les transferts de tâches et de compétences qui seront de surcroît sources de prises en charge parcellaires voire dégradées car nos 10 ans d’études ont une plus-value qui n’a pas d’égale", assène le syndicat du Dr Marty. "Nous, médecins, sommes irremplaçables et les seuls garants d’une qualité des soins, d’une expertise clinique et d’une prise en charge optimales et globales", affirme l'UFML.
*Pathologies chroniques stabilisées ; prévention et polypathologies courantes en soins primaires ; oncologie et hémato-oncologie ; maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale ; psychiatrie et santé mentale ; médecine d’urgence.
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