Suppression des ARS, tarif régional de la consultation… Le programme de Marine Le Pen pour la santé

15/03/2022 Par Sandy Bonin
Alors que l'échéance présidentielle est dans moins d'un mois, Egora vous propose un décryptage du programme santé des candidats à la candidature suprême. Marine Le Pen, en lice pour le Rassemblement national, propose par exemple de lutter contre les déserts médicaux en créant une rémunération de la consultation modulée selon le lieu d’installation. La candidate compte lancer un plan de soutien d’urgence pour la santé de 20 milliards d’euros. 

"Elue présidente, je ferai de la qualité des soins le pivot de la politique de santé en redonnant au personnel soignant sa juste place", promet Marine Le Pen dans son programme. La candidate propose notamment "de lever le carcan administratif mis en place par les ARS" en les supprimant.  Elle compte réaffirmer l’autorité de l’État dans le domaine de la santé et confier la tutelle des hôpitaux aux préfets de région à travers les Directions régionales des affaires sanitaires et sociales. "Les hôpitaux auront une gouvernance bicéphale, partagée entre le directeur d’hôpital pour les aspects administratifs et un médecin pour les questions médicales. Cette gouvernance bicéphale s’appuiera sur un projet dont les objectifs seront fixés par un contrat défini par les Directions régionales des affaires sanitaires et sociales", prévoit la candidate. 

 

Investir 2 milliards pour revaloriser les salaires à l'hôpital 

Reprenant les propos de Fréderic Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Marine Le Pen estime que "le premier des déserts médicaux en France, c’est l’hôpital". "Epuisement, manque persistant de reconnaissance et poids de la bureaucratie", la candidate au RN veut redonner envie aux soignants de rester à l'hôpital. Elle compte donc investir 2 milliards d’euros sur cinq ans qui permettront de revaloriser les salaires du personnel soignant exerçant à l’hôpital. Le salaire des infirmiers sera augmenté de 10% pour atteindre la moyenne européenne. Cette revalorisation concernera également les personnels hospitaliers non concernés par le Ségur de la santé, promet Marine Le Pen. En revanche, la candidate souhaite plafonner à 10% le nombre de postes administratifs à l'hôpital. Un moratoire sur les suppressions de lits sera engagé pour stopper les fermetures des lits. 

"Avec plus de 21 millions de passages aux urgences, leur nombre a doublé en 20 ans. Plus de 40% relèvent d’une prise en charge par la médecine de ville. (…). La réorganisation des urgences est une nécessité pour patients et soignants", constate la présidente du Rassemblement national. Si elle est élue, elle souhaite renforcer de façon significative le personnel des services d’urgence et organiser un partenariat entre les services d’urgence et des cabinets médicaux libéraux. Elle compte également créer des urgences gériatriques. 

La T2A est un échec selon la candidate qui souhaite redéfinir le mode de financement de l’hôpital public en revenant à un budget sous forme de dotation globale, "afin de garantir la qualité des soins". 

 

Ouvrir des places dans les facultés de médecine 

"Qui peut croire que des titulaires d’un diplôme de médecine obtenu dans un pays en développement pourront fournir la même qualité de prestations que des médecins formés en France ?", se questionne Marine Le Pen qui constate que les installations de médecins étrangers sont majoritaires dans les déserts médicaux. La candidate formule plusieurs propositions pour mettre fin aux difficultés d'accès aux soins sur le territoire. Elle promet d'ouvrir un nombre de places suffisantes dans les facultés de médecine pour disposer des médecins dont les Français ont besoin, résorber les déserts médicaux et réduire drastiquement le recours aux médecins ayant obtenu leur diplôme hors de l’Union européenne.  

 

Supprimer la Rosp

Elle projette aussi la mise en place d'une "rémunération de la consultation modulée selon le lieu d’installation, sans que les praticiens n’aient de démarches spécifiques à faire". La Rosp serait supprimée car, selon Marine Le Pen, elle "porte atteinte à leur autonomie de décision et n’a pas eu de réel impact sur leurs pratiques professionnelles". La candidate déplore que la crise sanitaire ait constitué un prétexte pour porter atteinte à l’autonomie de décision des médecins en restreignant leur capacité de prescription et leur liberté d’expression lorsqu’ils parlent de traitements médicaux. Elle souhaite donc "rendre aux médecins leur liberté de prescription et d’expression". 

Développement de la télémédecine ou augmentation du nombre de maison de santé sont des solutions préconisées par la présidente de RN pour lutter contre les déserts. Elle compte également donner plus de place à la prévention, notamment grâce aux visites médicales scolaires qui redeviendront systématiques. Enfin Marine Le Pen veut étendre la délégation de tâches aux sages-femmes, aux infirmières ou encore aux pharmaciens pour accroître le temps médical des généralistes.  

 

Créer un ministère de la lutte contre la fraude 

Les mesures emblématiques de l'extrême droite n'ont pas été oubliées, bien que radoucies par rapport aux précédentes campagnes. Marine Le Pen souhaite ainsi non plus supprimer, mais transformer l’AME en un dispositif qui prenne en charge pour les adultes les seuls soins urgents, comme dans tous les pays de l’Union européenne. La lutte contre la fraude sera le cheval de bataille de la candidate qui compte créer un ministère spécifiquement dédié à ce sujet et ayant autorité sur toutes les administrations compétentes. 

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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