Crise en Guadeloupe : un médecin menacé avec un fusil sur la tempe en sortant de garde

23/11/2021 Par Marion Jort
Violence
Depuis plus d’un mois, les syndicats de soignants opposés à l’obligation vaccinale multiplient les actions choc. Malgré l’envoi de forces de l’ordre supplémentaires sur place, la situation dégénère. Le Premier ministre a annoncé, lundi soir, la création d’une “instance de dialogue”.  

En Guadeloupe, le conflit social est dans l’impasse. Sur place, des manifestants opposés à l’obligation vaccinale manifestent violemment pour faire reculer le Gouvernement. Bien que minoritaires, leurs revendications sont toutefois soutenues par une partie de la population, souligne Le Monde.  

Pour se faire entendre, les manifestants ont créé depuis plusieurs semaines des barrages et des barricades sur les routes. Face à cela, l’ARS, alerte sur les “agressions physiques que les professionnels de santé ont subies ces derniers jours alors qu’ils allaient soigner les pères, les mères et les enfants de Guadeloupe”. Fait révélateur de la crise sans précédent qui secoue la Guadeloupe, au niveau de l’un de ces barrages, un médecin aurait été  “tenu en joue avec un fusil sur la tempe à la sortie de sa garde aux urgences”. Un aide-soignant du pôle parents-enfants du CHU a également été menacé avec un fusil à pompe. L’ARS recense par ailleurs un soignant agressé au niveau du Pont de Perrin, victime d’une tentative de car-jacking, les occupants  du véhicule de l’HAD qui ont été pris à partie par des personnes armées dans la soirée du 20 novembre, des agressions de pharmaciens et un droit de passage réclamé aux points de blocages.  

“Ces situations de menaces et de blocages des soignants impactent encore plus la santé des malades. Le report de leurs soins peut être dangereux. Devoir patienter dans une ambulance, devoir négocier pour aller faire votre traitement et dépasser les délais expose à la dégradation de l’état de santé de la personne voire à son décès. Ce n’est pas acceptable”, déplore l’ARS dans un communiqué, précisant que des plaintes sont systématiquement déposées et que des poursuites ont été engagées.  

Malgré la situation explosive, ce lundi 22 novembre, le Premier ministre a exclu de renoncer à l’obligation vaccinale, annonçant la création d’une “instance de dialogue” afin de “convaincre et d’accompagner individuellement et humainement” les soignants.  

Ce mardi 23 novembre, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu a, lui, déploré des tirs contre les policiers en Guadeloupe, tout en assurant qu’il fallait “décorréler les violences de la contestation à l’obligation vaccinale”. "On voit bien qu'on n'est pas sur une question sanitaire et sociale, on est sur des bandes, on est sur des voyous, on est sur des personnes qui sont malheureusement déjà défavorablement connues des services de police ou de la justice qui se servent de cette crise pour s'exprimer dans la violence, et ça pour le coup, la réponse du Gouvernement, elle est implacable, elle est claire, elle est ferme: l'envoi du Raid et du GIGN", a-t-il affirmé.  

Le ministre a néanmoins annoncé que le Gouvernement s’était engagé à fournir des vaccins contre le Covid-19 sans ARN messager aux soignants guadeloupéens qui le désirent, répondant à l'une des demandes portées par les contestataires. “Avec les soignants, on est aussi sur un dialogue social entre l'employeur, le ministère de la Santé et des Solidarités, et ses employés pour trouver les solutions", ainsi "on s'est engagé hier soir à trouver d'autres types de vaccins" pour ceux qui refusent les vaccins à ARN messager, a-t-il précisé. Les vaccins disponibles jusqu'ici en Guadeloupe étaient "essentiellement des vaccins" Pfizer/BioNtech, a précisé le ministère des Outre-mer.  

Enfin, concernant ceux qui “refusent de se faire vacciner et préfèrent abandonner leur qualité de soignants et demandent d'ores et déjà une reconversion professionnelle, on va les accompagner”, a-t-il encore promis.  

[avec Le Monde et AFP]  

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