Vaccins à ARNm, Janssen, AstraZeneca… les généralistes ne savent plus où donner de la tête

15/04/2021 Par Louise Claereboudt
Alors que certains généralistes peinent à trouver des volontaires pour le vaccin d’AstraZeneca, l’élargissement dès demain, vendredi 16 avril, de la vaccination en centre à tous les plus de 60 ans, sans comorbidités, avec Pfizer ou Moderna risque d’accroître le “désamour” des Français pour le vaccin suédo-britannique. Plusieurs syndicats médicaux demandent leur déploiement en ville.
 

“Les déconvenues s’accumulent pour les vaccins à adénovirus.” Lors d’une conférence de presse, organisée ce jeudi 15 avril, le président du syndicat MG France, qui vient de conforter sa place de porte-parole des généralistes à l’issue des élections URPS, a déploré qu’un “désamour” se soit installé autour des vaccins à adénovirus, les vaccins d'AstraZeneca et de Johnson & Johnson. Après la suspension temporaire, en février, de l’utilisation en France du vaccin suédo-britannique, suite au signalement d'effets secondaires -des cas inattendus d'événements thromboemboliques et de troubles de la coagulation-, c’est au tour du vaccin Janssen de subir la même pause aux Etats-Unis. Les autorités sanitaires du pays souhaitent enquêter sur des cas graves de caillots sanguins signalés chez des patients après avoir reçu une injection. Résultat, le vaccin qui devait arriver la semaine prochaine dans les cabinets français n’arrivera pas, a regretté MG France.

Pour le Dr Jacques Battistoni, “se priver d’un vaccin à adénovirus, c’est accepter l’idée qu’on va retarder de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, le moment où on arrivera à une immunité suffisante pour revenir à une vie normale”. Ce dernier a expliqué que, “malgré quelques effets secondaires graves mais exceptionnels”, le vaccin AstraZeneca a un “excellent rapport bénéfice/risque”, de même que celui de Johnson & Johnson, qui bénéfice par ailleurs d’avantages plus techniques : “un conditionnement par 5”, “une seule injection”... Aujourd’hui, les professionnels de santé libéraux sont confrontés à d’importantes difficultés d’adhésion de la population, certains ne parvenant pas à liquider l’ensemble de leurs doses. Une réalité observée par le syndicat MG France. “Le vaccin AstraZeneca n’est pas facile à vendre”, admet le Dr Battistoni qui dit comprendre les généralistes qui jettent l’éponge. Les difficultés risquent de s’accroître avec la possibilité, dès demain, pour les plus de 60 ans, sans comorbidités, de se faire injecter une dose de vaccin à ARN dans un centre de vaccination. “Ça veut dire qu’on n’a plus que la tranche 55-60 ans pour laquelle le vaccin AZ est le seul possible.”   A quand les ARNm en ville? Dans ce contexte, et comme chaque semaine, le syndicat demande au ministère de la Santé de permettre à la ville d’obtenir des doses de vaccins à ARN messager. Une requête également formulée par le syndicat de Jérôme Marty, l’UFML-S. Si au départ, cette possibilité était totalement exclue, l’exécutif semble envisager une arrivée en ville, du moins pour le vaccin Moderna. Une expérimentation doit être faite cette semaine en Moselle. Toutefois, concernant un déploiement au niveau national, aucune date n’a été, pour l’heure, avancée, a indiqué MG France. Le Dr Battistoni a souhaité réaffirmer le rôle du médecin généraliste afin d’“obtenir cette adhésion”, l’enjeu étant de “convaincre les indécis”. “Il faut aller chercher les gens les plus isolés” mais qui sont “exposés au virus”, à l’image des personnes âgées. “On est loin d’avoir vacciné tous les plus de 60 ans”, a constaté le généraliste de Ifs (Calvados) qui estime qu’une mise à disposition en cabinet des vaccins à ARNm permettrait d’augmenter significativement le pourcentage de la population vaccinée, “avec une vaccination d’opportunité”.

Quoi qu’il en soit, le président du 1er syndicat des médecins généralistes a insisté sur l’importance de s’appuyer sur les professionnels de terrain. Il a par ailleurs appelé à mieux rémunérer les médecins ou soignants qui gèrent les centres de vaccination et, aujourd’hui, travaillent “presque bénévolement”. Le praticien craint par ailleurs qu'une place prépondérante soit accordée aux vaccinodromes.

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