Cauchemars, hyper-émotivité, angoisse de mort… L'Académie de médecine appelle à prendre soin des soignants
Alors que "leurs capacités de résilience ont été durement mises à l'épreuve" au plus fort de la crise du coronavirus, de nombreux soignants sont aujourd'hui atteints de troubles psychiques à l'heure de la décompression. Pour l'Académie de médecine, il est désormais urgent de prendre soin des soignants. Après des semaines de forte activité, dans un "climat d'angoisse", "sous la menace permanente d'un manque de lits, de locaux, de médicaments, de personnels qualifiés et de dispositifs de protection", les soignants sont plus que jamais fragilisés. "Le nombre croissant de décès chez les malades hospitalisés a eu d’importantes répercussions sur le moral des soignants, confrontés aussi à la douleur des familles", souligne l'Académie dans un communiqué du 8 juin. Et à cela s'ajoutent encore le "choc émotionnel" d'avoir perdu des collègues et la peur de contaminer ses proches.
Durant cette phase de décompression, "des troubles psychologiques sont observés (hyperémotivité, niveau d’anxiété élevé, insomnies), allant jusqu’au syndrome de stress post-traumatique avec une incoercible répétition diurne et nocturne (cauchemars) des souvenirs les plus pénibles et une angoisse de mort", constate l'Académie, qui appelle à accompagner sans délai les soignants en soins intensifs qui ont été confrontés au Covid-19. "Méconnaitre cette complication ferait le lit de troubles psychiques ultérieurs, entrainant l’incapacité à rester dans une profession de soins, jusqu’à des troubles dépressifs et addictifs avec leur contingent de conduites suicidaires", insiste la société savante. L'Académie plaide pour la mise en place d'un examen médical systématique par les médecins de prévention, à renouveler pendant trois ans, "pour identifier d’éventuels symptômes psychiques apparus après la phase aiguë de la crise sanitaire et proposer une prise en charge adaptée". Elle appelle à prescrire si nécessaire des aménagements transitoires des conditions de travail et demande aux employeurs de mettre "en place des outils de promotion de la santé mentale tels que les groupes de paroles et les activités physiques". Enfin, l'organisation et les conditions de travail dans les structures de soins intensifs doivent être réévaluées et améliorées.
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